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Sécurité

Les Irakiens appellent à une interdiction des armes après une vidéo d'adolescents

Par Khalid al-Taie

Ces hommes ont été arrêtés à Basra et accusés de posséder illégalement des armes à feu. Le gouvernement irakien a décidé de faire la chasse à la détention illégale d'armes. [Photo fournie par la Direction de la police de Bassorah]

Ces hommes ont été arrêtés à Basra et accusés de posséder illégalement des armes à feu. Le gouvernement irakien a décidé de faire la chasse à la détention illégale d'armes. [Photo fournie par la Direction de la police de Bassorah]

Dans une courte vidéo vue de très nombreuses fois après avoir été postée en février sur les réseaux sociaux, une longue file d'adolescents irakiens vêtus de noir montrent leurs armes à la caméra.

Les jeunes dans cette vidéo, tournée à Bagdad, affirment appartenir à une faction armée appelée Hashd al-Awra. Dans cet enregistrement, on les voit brandir leurs armes devant la caméra, l'un après l'autre, avant de se rassembler en un seul groupe.

Dès que cette vidéo a commencé à circuler, la direction de la sécurité des forces de la mobilisation populaire a publié un communiqué rejetant tout lien avec cette faction et appelant « les agences de sécurité à arrêter et juger ses membres ».

Cet incident, qui a mis en lumière l'usage non autorisé d'armes à feu par des individus et des groupes armés en Irak, a permis de prendre conscience des dangers que cela représente pour la sécurité et la stabilité du pays, ont expliqué des responsables et des civils à Diyaruna.

Il a suscité un nouvel appel à une position ferme sur l'interdiction des rassemblements armés.

Réglementer la possession d'armes à feu

L'Irak a adopté plusieurs lois qui limitent la détention et l'emploi d'armes, a rappelé le député irakien Hakim al-Zamili, président de la commission parlementaire sur la défense et la sécurité.

Le 28 janvier, le parlement a approuvé une loi interdisant la détention, le port, la vente et la réparation de tous types d'armes sans posséder un permis.

Cette interdiction s'applique également à l'importation et à l'exportation d'armes à feu et de munitions, à l'exception des forces de sécurité et des militaires.

Le parlement travaille actuellement à d'autres propositions ou projets de lois et règlements qui limiteraient l'activité des factions armées et les obligeraient à identifier leur emplacement et l'identité de leurs membres, a expliqué al-Zamili à Diyaruna.

« Après avoir refermé le chapitre du terrorisme, l'État doit maintenant se pencher sur [le durcissement de] l'interdiction des armes, l'application des inspections et leur saisie conformément à la loi », a-t-il poursuivi.

Plusieurs lois réglementant le port d'armes sont en vigueur, « mais en général, leur application est faible », a indiqué à Diyaruna Saad al-Matlabi, membre de la commission de sécurité du conseil de la province de Bagdad.

L'État doit être plus ferme dans le désarmement et la lutte contre les groupes armés, a-t-il déclaré, « qui, certes, peuvent prêter allégeance au gouvernement, mais peuvent par ailleurs s'engager dans des activités de chantage et de terrorisme envers les citoyens ».

« Les groupes qui contournent les institutions de l'État doivent être traités comme des hors-la-loi », a-t-il ajouté.

Paix et sécurité menacées

La prolifération des armes sans permis et des individus armés « non seulement fait peser une menace sur la paix et la sécurité au sein de la société, mais représente aussi une menace pour le système politique et l'État dans son ensemble », a estimé Ahmed al-Sharifi, expert en stratégie et ancien officier dans l'armée irakienne.

« Ce phénomène envoie un message particulier et donne le sentiment que l'appareil sécuritaire est faible et instable, et qu'il ne peut faire appliquer la loi », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Cela est particulièrement le cas « dans les zones où les partis politiques disposent d'un pouvoir considérable, au détriment de l'État », a-t-il ajouté.

« L'absence de la loi et le manque de sécurité fiable en termes de contrôle de la circulation et des échanges d'armes constituent un terrain fertile à l'émergence d'autres gangs du crime organisé, qui peuvent s'accorder l'autorisation d'agir librement sans aucune mesure dissuasive », a déclaré al-Sharifi.

La législation ne suffit pas

Al-Sharifi a souligné que la législation à elle seule ne suffit pas à replacer la situation sous contrôle.

« Nous devons renforcer le rôle des institutions [d'État], en particulier des forces de sécurité et de l'armée, dès lors qu'il s'agit de faire appliquer la loi nationale, de rompre les allégeances partisanes et de choisir des responsables compétents et indépendants pour gouverner », a-t-il poursuivi.

Le gouvernement doit engager ses services de renseignements plus profondément dans la découverte et la lutte contre l'usage non autorisé d'armes, a-t-il ajouté.

La vidéo « Hashd al-Awra » sonne l'alarme sur le besoin de se pencher sérieusement sur la question des groupes armés dans le pays, a-t-il encore déclaré.

« Les armes sont maintenant présentes partout, et n'importe qui peut s'en procurer », a estimé Abou Zain, un habitant du quartier d'al-Ameen de Bagdad qui a demandé à ne pas être identifié pour des raisons de sécurité.

« Chacun affirme être du côté du gouvernement, mais nous ne savons plus qui croire », a-t-il déclaré à Diyaruna. « Nous avons besoin de mesures immédiates. »

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