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Terrorisme

Certains éléments de l'EIIL retirent leur soutien au « calife »

Par Khalid al-Taie

Image tirée d'une vidéo qui circule sur l'internet montrant des combattants de l'EIIL dans la vieille ville de Mossoul. Des tensions apparaissent parmi les combattants de la ville alors que le groupe est pris sous le feu de ses adversaires, expliquent des responsables locaux. [Fichier]

Image tirée d'une vidéo qui circule sur l'internet montrant des combattants de l'EIIL dans la vieille ville de Mossoul. Des tensions apparaissent parmi les combattants de la ville alors que le groupe est pris sous le feu de ses adversaires, expliquent des responsables locaux. [Fichier]

De nouvelles divisions sont apparues dans les rangs de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) alors que le groupe est sous le feu de ses adversaires à Mossoul, ont expliqué des contrôleurs et des experts irakiens à Diyaruna.

Certains éléments de l'EIIL ont en effet retiré leur soutien au leader du mouvement Abou Bakr al-Bagdadi, ont-ils précisé, et sont allés rejoindre les rangs d'al-Qaïda et d'autres groupes armés partisans d'une idéologie extrémiste similaire.

Cette évolution de la situation témoigne d'un nouveau type de divisions qui n'a rien à voir avec la gestion des affaires du groupe ni la lutte pour le « butin de guerre », ont-ils poursuivi.

Elle montre plutôt un manque de loyauté envers al-Bagdadi et le renoncement à l'engagement pris par les combattants de l'EIIL lorsqu'ils avaient rejoint le groupe de lui rester fidèle jusqu'à la fin.

Les tensions actuelles au sein du groupe se concentrent essentiellement à Tal Afar, à l'ouest de Mossoul, et à al-Hawija, dans la province de Kirkouk, qui sont encore toutes deux sous le contrôle de l'EIIL, a expliqué Saïd Mamouzini, responsable des médias du Parti démocratique du Kurdistan à Mossoul.

« Ces derniers jours, ces deux villes, ainsi que la zone du 17 Tamouz (à l'ouest de Mossoul) ont été le théâtre de la défection de plusieurs membres de l'EIIL », a-t-il expliqué à Diyaruna. « On avancerait même le chiffre de plusieurs centaines de membres de l'EIIL quittant le groupe. »

« La plupart de ces dissidents sont des combattants étrangers qui ont retiré leur soutien à al-Bagdadi et ont maintenant prêté allégeance à al-Qaïda et à d'autres groupes terroristes », a-t-il ajouté.

Défiance envers le commandement

Ces défections apparaissent alors que de nombreux éléments de l'EIIL considèrent désormais al-Bagdadi comme « un lâche qui a peur de la mort », et non plus comme « un vrai chef », a déclaré Mamouzini, citant certaines sources locales.

« La distance qui sépare désormais al-Bagdadi de ses partisans sur le champ de bataille et son échec abject à commander les batailles, en plus des soupçons concernant son sort depuis qu'il a cessé de faire des discours » sont autant de facteurs entraînant ces défections, a-t-il ajouté.

« Ces nouvelles divisions ne sont que les dernières dans une série de conflits qui ont traversé le groupe, centrés au départ sur des plaintes liées aux prises de décisions unilatérales d'al-Bagdadi et de son contrôle sur les finances du groupe », a-t-il précisé.

Ce report d'allégeance ou « révocation de l'engagement » donne à ce conflit une dimension plus significative, a expliqué Mamouzini, soulignant que l'EIIL n'a montré que peu de respect pour son organisation mère al-Qaïda, ou pour les autres groupes extrémistes.

Plus d'une fois al-Bagdadi s'en est publiquement pris au leader d'al-Qaïda Ayman al-Zawahiri, l'accusant de dévier de la voie tracée par son prédécesseur, Oussama ben Laden.

Dans plusieurs de ses discours, al-Zawahiri a à son tour dirigé des critiques acerbes contre son rival, qualifiant son titre autoproclamé de « calife » de nul et non avenu.

Tensions croissantes entre extrémistes

L' actuelle guerre des mots entre les leaders de l'EIIL et d'al-Qaïda apporte une preuve manifeste des tensions entre eux, chacun des groupes ayant à lutter contre ses propres enjeux extérieurs, ses luttes intestines et les problèmes liés au recrutement et à la rétention des combattants.

Le député irakien Iskandar Witwit, membre de la commission parlementaire de sécurité et de défense, a expliqué que ces divisions sont « un coup sévère porté au fondement même de l'EIIL et à sa stratégie visant à exister plus longtemps et à se distinguer des autres groupes terroristes semblables ».

L'EIIL est sur la voie de la «désintégration » par suite des pertes qu'il a subies à Mossoul, a-t-il affirmé à Diyaruna.

« Cette désintégration est inévitable », a-t-il ajouté, faisant référence au ressentiment croissant envers le leadership d'al-Bagdadi et au sentiment parmi les combattants de l'EIIL qu'ils ont été abandonnés par leurs chefs .

Plus l'EIIL enregistre des pertes, plus ses éléments se sentent pris au piège, a déclaré Witwit, ajoutant « qu'ils n'ont désormais plus d'autre choix que de se jeter aux pieds d'al-Qaïda et des autres groupes qui lui sont affiliés pour tenter de trouver une issue à cette situation inextricable ».

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