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Terrorisme

L'EIIL répand de fausses rumeurs sur le barrage d'al-Tabqa

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Un combattant des Forces démocratiques syriennes monte la garde à l'entrée nord du barrage d'al-Tabqa sur l'Euphrate. [Photo fournie par le bureau de presse des FDS]

Un combattant des Forces démocratiques syriennes monte la garde à l'entrée nord du barrage d'al-Tabqa sur l'Euphrate. [Photo fournie par le bureau de presse des FDS]

Les rumeurs propagées par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) mettant en garde contre des dégâts au barrage d'al-Tabqa sont infondées, expliquent experts et responsables à Diyaruna, et ne sont destinées qu'à provoquer une alerte et à empêcher les forces de libération d'avancer.

Utilisant médias et haut-parleurs, l'EIIL avait annoncé que le barrage sur l'Euphrate risquait de s'effondrer – une rupture qui aurait provoqué une inondation catastrophique à al-Raqqa et en aval jusqu'à Deir Ezzor.

« Le groupe joue avec les nerfs des habitants de la ville d'al-Raqqa en répandant des mensonges au sujet de la rupture du barrage d'al-Tabqa », a expliqué Wael Moustafa, un habitant d'al-Raqqa qui a préféré parler sous couvert d'un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

Les 23 et 24 mars, des éléments de l'EIIL ont utilisé des haut-parleurs dans les mosquées d'al-Raqqa pour déclarer que le barrage était sur le point de rompre, en imputant la responsabilité aux opérations militaires en cours visant les positions de l'EIIL à proximité, a-t-il rapporté à Diyaruna.

« La panique s'est répandue parmi les habitants craignant que le barrage s'effondre et noie toute la région d'al-Raqqa , ce qui les a poussés à quitter leurs maisons et à se diriger vers les hauteurs entourant la ville, où beaucoup ont passé la nuit », a-t-il raconté.

Le groupe est par la suite revenu sur ses déclarations grâce aux mêmes mosquées, annonçant que le barrage ne présentait aucun danger, a fait savoir Moustafa.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) affirment ne pas avoir bombardé la zone située autour du barrage, ni l'avoir visée lors des frappes aériennes de la coalition, celle-ci ayant parachuté des troupes pour affronter directement les combattants de l'EIIL.

Contrairement à ce qu'affirme le groupe, la principale menace pour le barrage vient de l'EIIL lui-même.

Le groupe a en effet mis à profit un bref cessez-le-feu – décrété par les FDS pour permettre à des ingénieurs d'entrer dans le barrage et de l'inspecter – pour se regrouper et attaquer l'alliance d'opposition arabo-kurde, ont indiqué des responsables.

Les habitants d'al-Raqqa redoutent par ailleurs que l'EIIL ne fasse exploser le barrage, même partiellement, par mesure de représailles, s'il devait perdre le contrôle de la région, a poursuivi Moustafa.

L'EIIL a interdit aux habitants de quitter la ville, même pour aller dans la campagne voisine, car il veut s'en servir comme otages et les contrôler aussi longtemps que possible, a-t-il ajouté.

Niveau de l'eau sous surveillance

« Ce barrage sur l'Euphrate se compose de deux parties », a expliqué Mousa al-Ahmad, l'un des ingénieurs qui travaillaient sur le barrage avant d'être contraint de fuir en Turquie.

« La première est le barrage lui-même, derrière lequel se trouve la retenue d'al-Tabqa, la seconde est la centrale hydroélectrique », a-t-il précisé à Diyaruna.

« Malgré les multiples alertes, le niveau de l'eau reste sûr », a-t-il ajouté.

Le niveau de l'eau dans la retenue du barrage peut encore monter d'un mètre et demi avant d'atteindre sa pleine capacité, a-t-il affirmé.

Décharger la quantité d'eau nécessaire pour assurer la sécurité de l'ensemble peut être fait en quelques jours seulement par une poignée d'ouvriers qualifiés, a-t-il indiqué, qui devront contrôler la décharge et régler la pression de l'eau ainsi dégagée.

« Toutefois, les préoccupations du moment sont centrées sur le fait que la centrale hydroélectrique du barrage sur l'Euphrate pourrait être inondée », a-t-il déclaré, ajoutant que des ouvriers spécialisés doivent être en permanence présents sur le barrage pour surveiller le niveau de l'eau, alimenter la centrale en eau et inspecter le barrage pour vérifier la présence de fuites.

Débarrasser le barrage de ses employés est une source de préoccupations, a-t-il poursuivi, dans la mesure où cela risquerait d'occasionner des problèmes.

Si la centrale continue d'être laissée sans surveillants ni personnel pour contrôler les niveaux d'eau, les conséquences du dégagement des eaux seront « désastreuses pour les régions de Deir Ezzor et d'al-Raqqa », a précisé al-Ahmad.

La ville d'al-Tabqa est située à une altitude relativement élevée « et ne cours aucun danger imminent », a-t-il ajouté.

Tentatives de regroupement de l'EIIL

« Les combats à proximité du barrage d'al-Tabqa se poursuivent », a déclaré Farhad Khoja, un officier des FDS qui participe à l'opération Colère de l'Euphrate.

Les combats sont menés avec précaution à cause du barrage, a-t-il expliqué à Diyaruna, soulignant que les FDS s'attachent à faire en sorte qu'il ne subisse aucun dommage.

« Jamais les FDS ne pointent leurs armes sur le barrage, et elles ont toujours fait en sorte que les membres des équipes de techniciens puissent y parvenir », a-t-il précisé.

Le 27 mars, a poursuivi Khoja, le centre de commandement de l'opération Colère de l'Euphrate a décrété un cessez-le-feu de quatre heures pour permettre aux ingénieurs et aux techniciens du barrage de pénétrer dans les locaux .

Les FDS ont respecté ce cessez-le-feu, a-t-il ajouté, mais l'EIIL en a profité pour regrouper ses combattants et attaquer des unités des FDS, contraignant celles-ci à répliquer et à reprendre les opérations militaires.

« L'EIIL a propagé des rumeurs sur le barrage, disant qu'il avait été endommagé par les bombardements, pour salir l'image des FDS et les dépeindre comme peu soucieuses du sort des habitants », a-t-il rapporté.

Le groupe cherche à mettre un terme aux opérations militaires, aux frappes aériennes et aux bombardements dans la zone du barrage afin de gagner du temps pour se préparer et regrouper ses forces pour défendre la ville d'al-Raqqa toute proche après avoir perdu de vastes régions au profit des FDS, a précisé Khoja.

Sécuriser le barrage

Les FDS se sont fixé comme priorité de sécuriser le barrage et de parer à toute menace qui pourrait porter atteinte à ses infrastructures, a déclaré pour sa part Abdel Fattah Nasruddin, commandant d'une unité des FDS.

Ces mesures de protection comprennent « l'envoi d'équipes de sapeurs, de techniciens et de spécialistes des barrages pour s'assurer qu'il continue de fonctionner et que les populations civiles ne seraient exposées à aucun danger par suite de son effondrement total ou partiel », a-t-il précisé à Diyaruna.

Les informations sur une éventuelle rupture du barrage ont été grandement exagérées, a-t-il ajouté, soulignant le fait que la machine médiatique de l'EIIL était à l'origine de ces rumeurs.

Le groupe a tenté d'exploiter la peur de l'opinion quant à la sécurité du barrage pour bloquer la progression des FDS vers al-Tabqa et al-Raqqa, a-t-il affirmé.

« Les équipes de travail ont réussi à éliminer tout danger pour le barrage, en le rendant à nouveau opérationnel », a déclaré Nasruddin, ajoutant que les deux voies de décharge des eaux fonctionnaient maintenant normalement.

Les ingénieurs ont réussi à rouvrir l'une des voies qui avait été totalement fermée et à procéder à des travaux de maintenance sur l'autre, qui avait été à demi fermée, a-t-il indiqué.

Cela a été fait en créant de nouveaux points de contrôle temporaires, après que les tableaux de commande principaux eurent été endommagés lors du bombardement du barrage par l'artillerie de l'EIIL, a-t-il expliqué.

« Les FDS ont assuré une coopération pleine et entière avec les équipes de maintenance, qui étaient accompagnées par un groupe du Croissant-Rouge syrien », a-t-il indiqué, ajoutant que les techniciens sont sur place 24h/24 pour surveiller le barrage et conduire les travaux de réparation nécessaires.

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