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Droits de l'Homme

La bataille d'Alep marquée par les crimes de guerre

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des civils évacuent Alep. La commission d'enquête (CE) pour la Syrie a déclaré le 1er mars que tous les camps impliqués dans la guerre en Syrie avaient commis des crimes de guerre et que l'accord pour évacuer les civils après la défaite de l'opposition constituait un « crime de guerre par déplacement forcé ». [Photo fournie par Faisal al-Ahmad]

Des civils évacuent Alep. La commission d'enquête (CE) pour la Syrie a déclaré le 1er mars que tous les camps impliqués dans la guerre en Syrie avaient commis des crimes de guerre et que l'accord pour évacuer les civils après la défaite de l'opposition constituait un « crime de guerre par déplacement forcé ». [Photo fournie par Faisal al-Ahmad]

Un rapport récent de la Commission d'enquête pour la Syrie de l'ONU répertorie les nombreuses et diverses violations contre des civils lors de la bataille d'Alep et condamne toutes les parties du conflit.

Les enquêteurs de la commission ont documenté des attaques chimiques et des exécutions de civils perpétrées par les forces du régime pendant les cinq mois du siège de l'est d'Alep, qui était un bastion important de l'opposition.

Il existe des preuves irréfutables que des avions syriens « ont déployé des éléments chimiques toxiques, dont du gaz chloré », a indiqué le rapport du 1er mars, décrivant Alep comme une scène de « violence implacable ».

De plus, le rapport a condamné l'accord d'évacuation des civils d'Alep après la défaite de l'opposition, indiquant que celui-ci constitue un « crime de guerre de déplacement forcé ».

Les civils de la section est contrôlée par l'opposition et de la section ouest contrôlée par le régime, sont « victimes de crimes de guerre commis par les deux camps », a affirmé le rapport.

Plusieurs groupes d'opposition, dont le Front al-Nosra (FAN), désormais appelé Front Fatah al-Cham, ont bombardé sans distinction les civils de l'ouest d'Alep sans avoir de cibles militaires précises, a établi le rapport.

Meurtres généralisés et sans distinction

« La guerre à Alep , surtout au cours des derniers mois, a été folle dans tous les sens du terme », a déclaré à Diyaruna Faisal al-Ahmad, militant des médias vivant à Alep.

Les bombardements et les tirs de snipers de l'armée syrienne et ses alliés n'ont épargné aucun recoin de la ville, a-t-il rapporté. Dans le même temps, des éléments du FAN et d'autres groupes lui ayant juré fidélité ont également bombardé toutes les zones qu'ils pouvaient atteindre, qu'elles soient militaires ou civiles.

« Vers la fin, toutes les zones pouvaient être bombardées, et les civils comme les combattants risquaient la mort à tout moment », a-t-il décrit.

Al-Ahmed a déclaré que lui et un groupe d'autres militants des médias et de travailleurs humanitaires avaient tenté de parler de ce sujet avec des commandants sur le terrain, mais « la réponse était toujours brutale et nous étions accusés d'être des agents du régime ».

« [Nous] avons été menacés de mort si nous persistions à demander que les civils ne soient pas pris pour cibles », a rapporté al-Ahmad.

« Je n'oublierai jamais cette atmosphère », a-t-il affirmé. « Pour faire simple, chacun était devenu un monstre. »

Déplacement massif

« Le déplacement des habitants du nord d'Alep a été presque total », a fait savoir Ocalan Sheikhi, travailleur humanitaire à la frontière turco-syrienne, à Diyaruna.

Les habitants de la région se sont dispersés où ils pouvaient aller, y compris dans les provinces d'al-Jazira, Afrine et Idlib.

Un nombre important d'entre eux sont aussi allés à la frontière avec la Turquie dans l'espoir de pouvoir la traverser pour ensuite rejoindre l'Europe, a expliqué Sheikhi.

« La possibilité de retour pour les déplacés d'Alep est impossible [pour l'instant] pour plusieurs raisons », a-t-il indiqué.

« Tout d'abord, la plupart des familles ont perdu tous leurs biens », a-t-il indiqué. « Leurs maisons et leurs boutiques ont été complètement détruites dans certaines zones. »

Quant à ceux dont les maisons n'ont subi que des dégâts légers, voire aucun dégât, l'armée et les milices du régime, y compris le Hezbollah et les Brigades Zainebiyoun et Fatemiyoun soutenues par l'Iran ont absolument tout pillé, a-t-il poursuivi.

« La raison la plus importante pour laquelle les déplacés n'envisagent pas de revenir est le fait qu'ils ne font pas confiance au régime », a-t-il déclaré. « Ils ont peur des représailles s'ils reviennent. »

« Le régime met apparemment en place un plan délibéré pour créer une atmosphère de peur en émettant des menaces de temps en temps pour pousser les résidents à vendre [leurs maisons] et ainsi évacuer la zone de tous ses habitants afin de les remplacer par des groupes qui lui sont affiliés avec lui », a-t-il indiqué.

Crimes de guerre

« Le droit international stipule que le déplacement forcé par des gouvernements ou des groupes armés constitue un crime contre l'humanité et un crime de guerre s'il est prouvé qu'il est systématique et intentionnel », a fait savoir Wael al-Sharimi, professeur de droit pénal à l'université du Caire et chercheur au centre régional d'études stratégiques.

Dans le cas d'Alep, cela est confirmé par les faits sur le terrain, a-t-il affirmé.

« A commencer par la guerre qui se poursuit depuis des mois, jusqu'au siège imposé aux civils et aux combattants, et faire en sorte que les trêves et les cessez-le-feu dépendent du retrait obligatoire de toutes les personnes d'une certaine zone [...] sont des violations de l'article 7 (1) du Statut de Rome de la Cour pénale internationale », a-t-il dit à Diyaruna.

Al-Sharimi a expliqué que le droit international stipule clairement que « la déportation ou le transfert forcés de résidents, lorsqu'ils ont lieu dans le contexte d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile, constitue un crime contre l'humanité », et que « la déportation ou le transfert illégaux [d'une population] est également un crime de guerre ».

Gaz chloré

Nourreddine al-Jammal, ancien volontaire d'un hôpital de campagne à Alep ayant déménagé à Afrine lorsque le cessez-le-feu est entré en vigueur, a déclaré avoir été témoin de l'utilisation d'armes interdites, dont du gaz chloré, par les forces du régime et les milices se battant avec lui.

« Plusieurs parties d'Alep ont été bombardées avec ce produit chimique par des hélicoptères militaires larguant des barils explosifs », a-t-il rapporté à Diyaruna.

« Lors d'une frappe le 6 septembre 2016, plus de 100 civils ont souffert de symptômes d'empoisonnement causés par une exposition à cette substance », a-t-il fait savoir.

Al-Jammal a déclaré que les médecins qui sont restés à Alep jusqu'aux derniers jours du siège ont signalé que l'utilisation de chlore était répandue, soulignant qu'il était utilisé à Alep à la fois par les forces du régime et par les militants.

Justice pour les Syriens

Le rapport de la commission de l'ONU « concernait principalement le peuple syrien car ils sont les victimes de la guerre en cours », a déclaré Bassam Bashir, avocat syrien résidant actuellement au Caire.

La condamnation des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité qui ont lieu est le premier pas pour « tenir pour responsable ceux qui ont commis ces actes », y compris le régime syrien et les groupes armés, a-t-il fait savoir à Diyaruna.

Al-Bassam a affirmé que la justice est requise pour apaiser le désir de représailles qui pourrait être ressenti pour les deux camps « à cause des pratiques inhumaines ayant eu lieu pendant la guerre ».

« Malgré la réconciliation et les trêves, ces crimes ont des conséquences graves qui seront difficiles à oublier ou à effacer des mémoires », a-t-il conclu.

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