NOUVELLES D’IRAK
Sécurité

Les habitants de l'ouest de Mossoul fuient la ville malgré les dangers

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des habitants de Mossoul déplacés arrivent dans un camp situé à l'extérieur de la ville. Plus de 26 000 personnes ont fui l'ouest de Mossoul ces deux dernières semaines, selon le ministère irakien des Migrations et des Déplacements. [Photo fournie par le ministère des Migrations et des Déplacements]

Des habitants de Mossoul déplacés arrivent dans un camp situé à l'extérieur de la ville. Plus de 26 000 personnes ont fui l'ouest de Mossoul ces deux dernières semaines, selon le ministère irakien des Migrations et des Déplacements. [Photo fournie par le ministère des Migrations et des Déplacements]

Des larmes coulaient sur le visage d'un habitant âgé de Mossoul venu identifier les corps de deux membres de sa famille tués par un engin explosif improvisé (EEI) alors qu'ils tentaient de fuir « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL).

Tous deux ont été tués lors qu'ils fuyaient l'ouest de Mossoul et tentaient de rejoindre les forces irakiennes et la sécurité.

Le vieil homme a soulevé les couvertures qui avaient été disposées par les soldats irakiens sur les corps gisant à même le sol pour les identifier, l'un après l'autre.

« Voilà Allawi, et voilà Dina », a-t-il reconnu.

Puis il s'est effondré sur le sol, se frappant la tête et affirmant « ma vie a été ruinée », tandis que l'homme venu avec lui tentait de le réconforter.

Un soldat irakien tout proche a manifesté sa peine pour la situation du vieil homme.

« Les victimes ont été tuées par un EEI enterré par l'EIIL pour empêcher les civils d'atteindre l'armée irakienne », a expliqué ce soldat.

Des incidents tels que celui-là n'ont toutefois pas dissuadé les habitants de Mossoul de fuir vers les forces irakiennes depuis le début de l'opération destinée à libérer la ville, plusieurs milliers de personnes ayant fui la ville durant les seuls premiers jours.

Les déplacés doivent affronter de « grands défis ».

« Les personnes déplacées internes (PDI) souffrent énormément et doivent affronter de grands défis », a expliqué Hasan al-Allaf, vice-gouverneur de la province de Ninive, soulignant que les forces irakiennes s'efforcent de libérer le territoire et d'évacuer parallèlement les PDI.

Al-Allaf a demandé au ministère des Migrations et des Déplacements de redoubler d'efforts et de fournir aux PDI des quantités supplémentaires de nourriture et d'eau potable.

Avant que les civils puissent être transférés vers des camps de déplacés à al-Jadaa, Hamam al-Alil, al-Medraj et Hajj Ali, a-t-il expliqué à Diyaruna, les forces irakiennes doivent contrôler leur identité au moyen d'une base de données électronique.

Quelque 250 000 PDI devraient fuir l'ouest de Mossoul dans les prochains jours, alors que progressent les forces irakiennes, selon l'Organisation internationale des migrations.

« Nous sommes extrêmement préoccupés pour la vie des 750 000 personnes coincées dans ce secteur ouest densément peuplé, car la situation s'y détériore chaque jour un peu plus, selon des rapports et des témoignages de ceux qui ont réussi à fuir », a déclaré le responsable du bureau de presse de l'OIM Hala Jaber dans un communiqué.

Le député irakien Abed al-Rahim al-Shammari a exprimé son espoir que les PDI seront bientôt en mesure de quitter les camps pour rentrer chez elles.

« Les forces irakiennes ont affecté plusieurs véhicules au transport des PDI du champ de bataille vers des centres de détention spéciaux, où leurs papiers d'identité sont vérifiés avant qu'elles soient transférées vers des camps de déplacés », a-t-il précisé pour Diyaruna.

Ces personnes doivent ensuite décider si elles souhaitent rester dans ces camps ou si elles souhaitent rejoindre l'est de Mossoul, où elles peuvent avoir des proches chez qui rester, a-t-il expliqué.

Les camps ne sont qu'une « situation temporaire »

Le ministère des Migrations et des Déplacements a veillé à ce que la nourriture, l'eau et d'autres produits de base soient disponibles pour tous ceux qui se réfugient dans les camps, a déclaré pour sa part le ministre des Migrations et des Déplacements, Jassim Mohammed.

Ces camps sont traités comme une mesure temporaire, a-t-il expliqué le mois dernier, et l'accent est donc peu mis sur la mise en place des services, comme les écoles.

« Notre politique en construisant ces camps est qu'il s'agit d'une solution temporaire, qui devra se terminer lorsque les quartiers où ils habitent auront été libérés », a-t-il ajouté.

Dans tous les cas, il n'y a pas suffisamment de fonds pour construire de tels servives, a-t-l précisé, car le gouvernement irakien n'a alloué qu'un million de dinars irakiens (850 USD) par IDP, y compris des dons en liquide et d'autres services fournis dans les camps de déplacés.

Malgré ces difficultés, les tentes installées dans la plupart des camps de l'ouest de Mossoul sont « très bonnes » et sont équipées de tous les produits de première nécessité, a expliqué à Diyaruna le vice-ministre des Migrations et des Déplacements, Jassim Atiya.

Les organisations locales et internationales ont apporté un soutien vital lors de l'installation de ces camps, a-t-il poursuivi, et un soutien du gouvernement fédéral et local a été apporté par des agences comme la direction de la santé de Ninive.

Celle-ci a équipé les camps de grandes caravanes, où les malades et les blessés peuvent recevoir les premiers soins, a-t-il précisé.

Le plan du ministère est de permettre à ces PDI de retrouver leurs maisons après que les forces irakennes les auront libérées et totalement sécurisées, a-t-il ajouté, afin que les camps soient libérés pour recevoir d'autres personnes déplacées originaires d'autres régions.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500