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Terrorisme

Les Syriens craignent pour le barrage de Tabqa avec la défaite de l'EIIL

Par Waleed Abou al-Khaïr au Caire

Cette photo montre une place de Tabqa, dans la province syrienne d'al-Raqqa. Les habitants craignent que « l'État islamique en Irak et au Levant » ouvre les vannes du barrage de Tabqa sur l'Euphrate pour stopper la progression des forces de libération. [Photo fournie par Ibrahim al-Shammari]

Cette photo montre une place de Tabqa, dans la province syrienne d'al-Raqqa. Les habitants craignent que « l'État islamique en Irak et au Levant » ouvre les vannes du barrage de Tabqa sur l'Euphrate pour stopper la progression des forces de libération. [Photo fournie par Ibrahim al-Shammari]

Alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS) s'approchent de la ville syrienne de Tabqa, dans la province d'al-Raqqa, « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) utilise des civils pour stopper leur progression, indiquent des résidents à Diyaruna.

Certains craignent que l'EIIL ouvre les vannes du barrage de Tabqa sur l'Euphrate, le plus grand du pays, pour défendre la ville d'al-Raqqa proche.

Cela dévasterait les villages se trouvant sur le trajet de l'eau, ont-ils indiqué.

Au cours des dernières semaines, l'alliance d'opposition arabo-kurde s'est approchée à quatre kilomètres du barrage, reprenant le dernier village entre elle et le barrage tenu par l'EIIL.

Le barrage est à seulement 500 mètres de la ville de Tabqa.

« Lorsque la campagne Colère de l'Euphrate a débuté, les éléments de l'EIIL ont commencé à s'en prendre aux habitants de la ville et leur ont interdit d'y entrer ou de la quitter », a rapporté Hamad al-Nafeh, commerçant de Tabqa utilisant un pseudonyme par peur pour sa sécurité.

Les habitants doivent désormais obtenir une permission spéciale de l'EIIL pour entrer dans la ville d'al-Raqqa, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Les tentatives de fuite de la ville se sont même raréfiées à cause des mines que le groupe a posées partout et de ses snipers qui ouvrent le feu sur quiconque s'éloigne des zones résidentielles », a-t-il fait savoir.

Résidents piégés dans Tabqa

L'EIIL a accru ses restrictions contre les résidents « pour tenter de les utiliser comme boucliers humains afin d'arrêter la progression des forces de libération », a déclaré Ibrahim al-Shammari, un natif de Tabqa âgé de 25 ans qui a rejoint les FDS il y a quelques mois.

« Les FDS ne sont qu'à une poignée de kilomètres de Tabqa », a-t-il indiqué à Diyaruna.

Elles approchent par le nord, près du village de Suwaydiya Kabira, a-t-il ajouté, « et communiquent avec les civils dans la zone pour coordonner leur fuite vers des lieux plus sûrs ».

« L'EIIL a mis en place de nombreux postes d'observation et de surveillance sur la plupart des voies menant en ville, leur tâche étant bien évidemment d'empêcher les gens de fuir la ville », a déclaré al-Shammari.

De nombreux habitants non armés se sont fait abattre, a-t-il rapporté.

Les FDS ont formé des équipes spéciales pour s'occuper des questions civiles lorsque les forces de libération s'approchent de la ville, a fait savoir al-Shammari.

« Il existe une communication continue avec plusieurs groupes de Tabqa pour coordonner leur fuite en toute discrétion et les garder en sécurité lors de l'assaut sur la ville, ce qui inclut la désignation de cachettes », a-t-il expliqué.

De nombreux jeunes hommes de Tabqa ont rejoint les FDS pour libérer leur ville de l'EIIL, a-t-il indiqué.

L'EIIL a commis plusieurs exécutions chaque semaine en représailles contre ceux qui coopèrent avec les forces de libération, a fait savoir al-Nafeh, un commerçant de la ville.

Le groupe accuse ses victimes « d'être des espions pour les infidèles », a-t-il déclaré, ajoutant que la plupart sont des jeunes habitants ou des soldats des FDS capturés qui ont ouvertement rejeté l'EIIL ou fourni des informations à la coalition ou aux FDS.

Le but est « d'intimider les citoyens et de s'assurer qu'ils ne se révoltent pas », à un moment où l'angoisse gagne de plus en plus l'EIIL au vu des pertes grandissantes, a-t-il poursuivi.

L'EIIL menace le barrage de Tabqa

Pendant ce temps, les fermiers syriens près de l'Euphrate ont peur que l'EIIL ouvre les vannes pour défendre al-Raqqa, dévastant ainsi villages et fermes.

Le niveau de l'eau de l'Euphrate est monté en flèche ces derniers mois près d'al-Raqqa, a rapporté l'AFP début mars.

Les habitants des villages d'agriculteurs éparpillés le long de la rive est disent craindre que le groupe détruise le barrage de Tabqa pour ralentir l'avancée des forces anti-EIIL.

« Si l'EIIL met à exécution sa menace de faire exploser le barrage de Tabqa, toutes les zones situées autour de la partie sud de la rivière pourraient être inondées », a expliqué Abou Hussein, un habitant de 67 ans.

« Un désastre majeur attend les habitants de Tabqa, al-Raqqa et les zones avoisinantes, car tous vivent dans la peur que le barrage cède », a déclaré pour sa part Mohammed al-Kayyali, électricien à Tabqa témoignant sous anonymat pour sa sécurité.

L'EIIL manipule l'écoulement de l'eau, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Le groupe « a bloqué l'écoulement de l'eau vers Alep pour priver les habitants d'eau potable et pour l'irrigation, ce qui a provoqué une montée du niveau de l'eau du lac al-Assad », a-t-il expliqué.

Alors que les FDS et les forces du régime approchent de Tabqa, a-t-il ajouté, « le groupe a inondé les zones au nord du lac pour freiner leur avancée, ce qui a érodé les terrains agricoles, l'une des seules ressources restantes dans la région ».

Al-Kayyali a prévenu que « des fissures avaient commencé à apparaître sur les murs du barrage, annonçant la rupture imminente et l'effondrement des butées principales du barrage ».

Cela pourrait déclencher l'effondrement du barrage et l'inondation des villages, des villes et des zones agraires autour du lac d'al-Assad, jusqu'à al-Raqqa, a-t-il fait savoir.

Les habitants craignent également que le groupe détruise intentionnellement le barrage si la région tombe aux mains des forces de libération, a ajouté al-Kayyali.

L'emplacement stratégique du barrage signifie que sa capture bloquerait toutes les routes allant vers al-Raqqa et en partant, et accélérerait « la chute imminente de la ville », a-t-il poursuivi.

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