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Terrorisme

Les habitants de Deir Ezzor pris dans le feu de la guerre

Par Waleed Abou al-Khaiïr au Caire

De nombreux habitants de Deir Ezzor ont fui la ville pour aller au camp d'al-Hawl, dans la province d'al-Hasakeh, dans le nord-est du pays. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

De nombreux habitants de Deir Ezzor ont fui la ville pour aller au camp d'al-Hawl, dans la province d'al-Hasakeh, dans le nord-est du pays. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

La vie est devenue de plus en plus difficile pour les habitants de la partie est de la ville de Deir Ezzor alors que les activistes de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) se retranchent dans les quartiers résidentiels et que le régime syrien intensifie ses frappes aériennes.

Le contrôle de la ville étant divisé entre les belligérants, nombre d'entre eux ont choisi de fuir vers des zones plus sûres dans la province rurale d'al-Hasakeh, spécifiquement dans le camp d'al-Hawl, près du village de Rajm al-Salibi.

Dans leur fuite, ils sont exposés à des bombardements d'artillerie, des tirs de tireurs embusqués et des champs de mines créés par l'EIIL, et sont la proie de trafiquants qui demandent des centaines de dollars pour les transporter vers des zones sûres, indiquent des témoins et des habitants à Diyaruna.

Passage clandestin

Moustafa al-Ani, habitant de Deir Ezzor et enseignant de collège, a rapporté qu'il avait pu fuir vers al-Hasakeh avec sa famille car c'est le lieu de naissance inscrit sur sa carte d'identité.

Le voyage a pris environ une semaine à bord d'un convoi de passeurs sur une « route très dangereuse », a-t-il précisé, ajoutant que le groupe avait dû à plusieurs reprises se cacher à plusieurs postes de contrôle contrôlés par l'EIIL.

« Il fallait utiliser les passeurs pour éviter de se faire repérer, les tirs de snipers et les champs de mines que l'EIIL a installés pour piéger les fugitifs », a-t-il déclaré, indiquant qu'ils avaient demandé 1 500 $ pour le conduire en sécurité avec sa femme et ses deux fils.

Le travail des passeurs s'arrête quand ils quittent les zones dangereuses, après quoi les fugitifs continuent vers les forces kurdes à al-Hasakeh, a raconté al-Ani.

Après les avoir atteintes, ils sont placés dans un camp de sécurité dans le village de Rajm al-Salibi pour une inspection de sécurité comprenant la vérification des cartes d'identité et des passeports.

Les personnes originaires d'al-Hasakeh peuvent rejoindre leurs proches dans la ville, tandis que les autres sont amenées dans le camp d'al-Hawl, à moins que quelqu'un ne se porte garant d'elles. Dans ce cas, ils peuvent chercher refuge à al-Hasakeh ou dans un village proche.

Situation désastreuse à Deir Ezzor

« Ce qui m'a le plus poussé à fuir la ville de Deir Ezzor est la détérioration des conditions de sécurité », a déclaré al-Ani.

« Le groupe contrôle de nombreuses parties de la ville depuis plus de deux ans, période pendant laquelle il a commis toutes sortes de harcèlements contre les habitants. Cela a transformé leurs vies en enfer, et les choses ont empiré récemment », a-t-il expliqué.

En plus des difficultés créées par l'EIIL, les habitants de Deir Ezzor sont également pris dans les violents bombardements du régime dirigés contre les quartiers contrôlés par le groupe, a ajouté al-Ani.

La situation dans toute la ville est « difficile, car une partie est occupée par l'EIIL et l'autre est sous le contrôle du régime, ce qui crée une situation désastreuse et sans issue », a-t-il poursuivi.

L'EIIL a saisi toutes les maisons abandonnées par les habitants ayant fui vers des zones plus sûres et les utilise comme casernes pour ses combattants, a-t-il rapporté.

« La situation pour ceux qui sont restés dans la partie est de la ville, contrôlée par l'EIIL, est difficile. Le chômage et la pauvreté sont omniprésents et toutes les organisations humanitaires ont interrompu leurs opérations à cause des mesures que l'EIIL a prises contre elles et de la situation de sécurité », a-t-il déclaré.

Déplacés internes

« Le nombre de personnes déplacées (DI) dans le camp d'al-Hawl s'élève à plus de 17 000, venues de Syrie et d'Irak », a précisé à Diyaruna Yerevan Hussein, responsable des relations publiques d'al-Hawl.

Le nombre de Syriens déplacés arrivés depuis le début de l'année est passé à près de 1 000, soit plus de 260 familles, dont la majorité a fui la ville de Deir Ezzor, tandis que d'autres viennent d'al-Raqqa, a-t-il indiqué.

Le camp est supervisé par l'administration autonome de Syrie du nord, en collaboration avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et plusieurs organisations humanitaires locales et internationales.

« La situation dans le camp peut être décrite comme "bonne", malgré le grand nombre de DI, qui bénéficient de repas et de soins médicaux de base, les cas critiques étant transférés dans la ville d'al-Hasakeh pour y être traité », a déclaré Hussein.

Des mesures de sécurité draconiennes sont prises pour contrôler l'arrivée et la sortie des DI du camp « principalement pour empêcher l'EIIL d'exploiter la situation des DI pour infiltrer d'autres zones », a indiqué Hussein.

Alors que davantage de personnes déplacées arrivent de zones sensibles comme Mossoul et Deir Ezzor, des dispositions sont prises pour en accueillir autant que possible, a-t-il fait savoir.

« La mort rôde dans la ville »

« J'ai décidé de fuir Deir Ezzor à cause des mauvaises conditions dans lesquelles je vivais depuis que l'EIIL avait pris le contrôle d'une grande partie de la ville et des faubourgs », a expliqué Mohammed Fawaz, natif de Deir Ezzor et résident du camp d'al-Hawl.

Fawaz a indiqué à Diyaruna que sa femme, son fils en bas âge et son père ont quitté Deir Ezzor il y a quelques mois pour aller en Turquie, et qu'il tenterait de les rejoindre après avoir rempli les procédures nécessaires.

Il a déclaré avoir choisi de rester en arrière pour protéger les marchandises restantes dans son magasin de matériaux de construction, ses meubles, sa maison et sa voiture, mais il a fini par vendre ce qu'il pouvait pour « quitter l'enfer ».

« La mort rôde chaque jour pour les habitants de la partie est de la ville, et quiconque réussit à partir échappe à la mort », a-t-il affirmé.

« La situation dans la ville est catastrophique depuis que le groupe a commencé à imposer ses règles », a-t-il déclaré, parmi lesquelles un code vestimentaire strict, l'interdiction de la mixité des sexes et l'interdiction pour les femmes de quitter la maison seules.

L'EIIL a proscrit « les antennes satellites et le fait de regarder des chaînes satellites sous peine d'amputation de la main, et a également interdit la musique, la photographie et le tabac », a indiqué Fawaz. « En fait, la vie ressemblait à une grande prison. »

Les choses se sont aggravées, a-t-il ajouté, lorsque les combattants de l'EIIL fuyant de certaines zones d'Irak et de Syrie, en particulier d'al-Raqqa, ont commencé à arriver à Deir Ezzor.

La situation s'est détériorée avec le début des combats entre l'EIIL et le régime, a-t-il fait savoir, car les combattants de l'EIIL se sont éparpillés dans toutes les zones, et nombre de leurs postes se trouvent dans des quartiers résidentiels.

Cela a fait de toutes les maisons des cibles potentielles, a-t-il affirmé.

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