NOUVELLES D’IRAK
Terrorisme

La mise à prix d'al-Baghdadi accélérera sa chute, affirment des responsables

Par Khalid al-Taie

Une image prise à travers le pare-brise criblé de balles d'un véhicule blindé des forces spéciales irakiennes montre des habitants dans le district d'Aden à Mossoul, après que la plus grande partie de la zone a été reprise à « l'État islamique en Irak et au Levant » le 22 novembre. La ville, où le chef de l'EIIL Abou Bakr al-Baghdadi a proclamé un califat en juin 2014, revient graduellement sous le contrôle des forces irakiennes. [Thomas Coex/AFP]

Une image prise à travers le pare-brise criblé de balles d'un véhicule blindé des forces spéciales irakiennes montre des habitants dans le district d'Aden à Mossoul, après que la plus grande partie de la zone a été reprise à « l'État islamique en Irak et au Levant » le 22 novembre. La ville, où le chef de l'EIIL Abou Bakr al-Baghdadi a proclamé un califat en juin 2014, revient graduellement sous le contrôle des forces irakiennes. [Thomas Coex/AFP]

Abou Bakr al-Baghdadi, chef de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) perd le contrôle de son groupe, qui en proie à des divisions internes et a perdu des leaders importants dans des frappes aériennes ciblées, indiquent des responsables de l'armée et du gouvernement irakiens.

Le groupe a subi une série de lourdes pertes en Irak, et beaucoup d'agents de terrain et de membres du cercle interne d'al-Baghdadi ont été tués.

Alors que l'EIIL est affaibli et poussé à quitter ses anciens bastions, un état de désespoir et de frustration s'est emparé des combattants du groupe, ce qui a affaibli le groupe et son commandement, ont-ils déclaré.

Dans le même temps, la prime mise sur la tête d'al-Baghdadi a été augmentée , et les habitants, encouragés par les victoires irakiennes, se sont retournés contre le groupe, informant les forces de libération de leurs positions et les menant à leurs caches.

Un homme et sa fille saluent des soldats des forces spéciales irakiennes patrouillant dans une rue du district d'Aden à Mossoul après que les troupes aient repris la majorité de la zone à « l'État islamique en Irak et au Levant » le 22 novembre. Le soutien public aux forces de sécurité a accéléré la chute du groupe. [Thomas Coex/AFP]

Un homme et sa fille saluent des soldats des forces spéciales irakiennes patrouillant dans une rue du district d'Aden à Mossoul après que les troupes aient repris la majorité de la zone à « l'État islamique en Irak et au Levant » le 22 novembre. Le soutien public aux forces de sécurité a accéléré la chute du groupe. [Thomas Coex/AFP]

L'EIIL est actuellemnt confronté en ce moment à une myriade de problèmesqui menacent sa structure et son existence même, a affirmé à DiyarunaSaeed Nimah al-Jayashi, expert en sécurité.

De graves divisions internes ont affecté l'EIIL, les combattants locaux et étrangers s'affrontant dans des conflits parfois sanglants, a-t-il indiqué, ce qui a érodé le groupe et sa structure de commandement.

« Cela a été confirmé pendant notre surveillance de l'état de l'EIIL, nos interprétations et nos analyses des enregistrements de son leader, et les publications de ses membres, qui reflètent leur faiblesse et leur incapacité à remédier à cette crise », a expliqué al-Jayashi.

La coopération de plus en plus importante entre les civils et les forces armées a été déterminante pour mettre l'EIIL sur la défensive, a-t-il déclaré, notant que « sans ce type de collaboration, nous ne verrions pas toutes ces victoires contre l'ennemi ».

Récompenses contre informations

Pour encourager les gens à signaler les cellules et activités de l'EIIL, le gouvernement irakien a mis en place plusieurs lignes téléphoniques (195, 130 et 181), a indiqué al-Jayashi ajoutant qu'il y a eu un « flux important » de renseignements de la part de civils pour les forces de sécurité.

« Nous sommes dans une guerre contre l'EIIL, et tous les citoyens et l'État sont en alerte, unis pour détruire les membres du groupe et décapiter le serpent, al-Baghdadi », a-t-il affirmé.

Les membres de la coalition internationale travaillent pour un but commun, le ministère américain de la Défense ayant annoncé le 16 décembre avoir augmenté la mise à prix d'al-Baghdadi, celle-ci passant de 10 à 25 millions de dollars.

Mettre un énorme prix sur al-Baghdadi renforce les faiblesses dans la confiance déjà branlante entre al-Baghdadi et les membres de son groupe, a indiqué à Diyaruna le député irakien Ammar Toumah.

Cette récompense sera « un nouveau facteur qui aggravera les conflits internes du groupe et déclenchera l'envie des membres » qui pourraient envisager de trahir al-Baghdadi, a-t-il déclaré, en particulier dans son cercle intérieur.

Tous les membres du haut commandement du groupe sont connus pour leur cupidité et leur amour de l'argent et des trésors de guerre, a précisé Toumah.

L'EIIL est en « implosion »

L'élimination des symboles que l'EIIL utilisait pour sa propagande, comme sa défaite à Dabiq , a aussi mis à mal l'image du groupe, et par conséquent la loyauté de ses combattants, a déclaré Toumah.

« Al-Baghdadi et son groupe sont en implosion totale », a-t-il affirmé, ajoutant que le soutien public pour les opérations militaires et le professionnalisme et l'humanité des forces de libération ont « accéléré la chute du groupe ».

Le général de brigade Yahya Rassoul, porte-parole du ministère irakien de la Défense, a indiqué à Diyaruna que le cercle intérieur d'al-Baghdadi rétrécit de jour en jour, la plupart de ses hauts commandants étant tués ou capturés.

Le 12 janvier, a-t-il ajouté, l'armée de l'air irakienne a tué un haut commandant de l'EIIL, ainsi que plusieurs de ses agents dans une frappe aérienne ciblant un repaire de l'EIIL dans le quartier d'al-Amel dans le centre de Mossoul.

Les sources de renseignements indiquent qu'il s'agissait d'une « cible de haute priorité », a rapporté Rassoul.

« Le commandement du criminel al-Baghdadi et de son groupe s'affaiblit en raison des fortes pertes infligées par nos forces et la destruction de plusieurs de leurs entrepôts d'armes et de munitions », a-t-il indiqué.

Les forces irakiennes ont détruit des bases de l'EIIL et ont pris pour cible des rassemblements de l'hisbah (« police religieuse »), a-t-il déclaré, alors que le groupe perd aussi de l'argent et des combattants.

« Je peux confirmer que l'EIIL dépérit et que sa mort est imminente », a-t-il affirmé. « Quant au terroriste al-Baghdadi, nos services de renseignements surveillent son emplacement et ses déplacements. »

Al-Baghdadi nomme un successeur

Des reportages médiatiques révèlent qu'al-Baghdadi a nommé l'un de ses commandants, dont l'identité n'est pas encore connue, comme « calife » successeur, pour prendre le commandement du groupe au cas où il soit capturé ou tué.

« Cette information, même si elle est vraie, est sans importance pour nous », a déclaré Rassoul. « En fin de compte, la mort attend al-Baghdadi et tous ceux qui lui succèdent ou le soutiennent. »

L'EIIL est un groupe complexe, et ses relations internes sont caractérisées par l'opacité et le secret, a indiqué à Diyaruna Hassan Shabeeb al-Sabaawi, membre du comité de sécurité du conseil provincial de Ninive.

« Pour cette raison, il est difficile de confirmer le choix d'al-Baghdadi pou son successeur, mais ce qui est remarquable dans cette décision, si elle a bien eu lieu, est qu'elle reflète la faiblesse et le désespoir du groupe », a-t-il poursuivi.

Al-Sabaawi a déclaré être convaincu qu'al-Baghdadi subira le même sort que son prédécesseur, Abou Moussab al-Zarqawi, leader d'al-Qaïda en Irak, qui fut tué lors d'une frappe aérienne en 2006.

« Son État imaginaire a commencé à s'écrouler avec la libération imminente de Mossoul », a-t-il indiqué.

Les meurtres, le terrorisme et la famine subis par la population civile aux mains du groupe sont ce qui a poussé les gens à signaler les cellules de l'EIIL aux forces de sécurité, a-t-il déclaré.

« Les gens veulent se venger de ces meurtres et souhaitent vivre en paix », a-t-il conclu.

Aimez-vous cet article?

0 COMMENTAIRE (S)
Politique Commentaire * INDIQUE CHAMP NÉCESSAIRE 1500 / 1500