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La trêve de la Syrie menacée par les activités du Hezbollah

Jounaid Salman à Beyrouth

Des gens traversent un point de contrôle de l'armée, alors que les combattants de l'opposition et leurs familles se préparent à quitter la ville de Deir Kanoun dans la région de Wadi Barada, le 11 janvier, dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement syrien. Un cessez-le-feu fragile en Syrie est menacé par les actions du régime iranien et ses alliés dans la région, en particulier le Hezbollah. [Stringer/AFP]

Des gens traversent un point de contrôle de l'armée, alors que les combattants de l'opposition et leurs familles se préparent à quitter la ville de Deir Kanoun dans la région de Wadi Barada, le 11 janvier, dans le cadre d'un accord de cessez-le-feu avec le gouvernement syrien. Un cessez-le-feu fragile en Syrie est menacé par les actions du régime iranien et ses alliés dans la région, en particulier le Hezbollah. [Stringer/AFP]

Les actions du Hezbollah libanais en Syrie menace un cessez-le-feu déjà fragile mis en place depuis le 30 décembre, ont précisé les analystes à Diyaruna.

La guerre en Syrie a été un terrain fertile pour les différentes parties régionales cherchant à promouvoir leurs intérêts à travers leurs alliés , ont-ils indiqué,notant que le Hezbollah met en œuvre un agenda iranien qui cherche à contrôler le processus syrien de prise de décision et étendre son influence dans un nombre d'autres pays dans la région.

Le Hezbollah ne quittera pas la Syrie lorsque l'accord du cessez-le-feu entre en vigueur, a annoncé le 3 janvier le secrétaire-général de l'Assemblée iranienne mondiale de l'éveil islamique Ali Akbar Velayati, un haut conseiller en politique étrangère au leader suprême iranien.

Le 31 décembre, le chef du conseil politique du Hezbollah, Sayyed Ibrahim Amin al-Sayyed, a indiqué que l'aile militaire du parti restera actif en Syrie jusqu'à la fin du conflit.

Si le cessez-le-feu est maintenu, les négociations politiques entre le régime syrien et l'opposition devraient commencer dans la capitale kazakhe Astana le 23 janvier.

Mais le cessez-le-feu a été perturbé par les avions de guerre syriennes, qui continuent de lancer des frappes aériennes dans plusieurs zones du pays.

Le régime iranien ne veut pas voir la paix s'établir en Syrie, puisque cela mettra en avant la question de changement du régime, « qui est rejeté par les iraniens », a souligné le professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth Hilal Khashan.

Pendant ce temps, « le Hezbollah cherche, à travers sa présence en Syrie, pour contrôler les zones syriennes près du Liban, ce qui indique que les troupes du parti resteront en Syrie », a-t-il souligné à Diyaruna.

« Maintenir l'instabilité et la tension en Syrie sert [le Hezbollah] et l'Iran et laisse le gouvernement syrien toujours dépendant d'eux », poursuit-il.

Le Hezbollah sert les intérêts de l'Iran

Rami Ollaik, un professeur à l'Université américaine de Beyrouth et l'ancien membre du Hezbollah qui a écrit deux livres critiques sur ses expériences dans le parti, a dit « le parti n'a pas hésité à intervenir militairement en Syrie, à cause de ses convictions et de ses calculs qui dépassent les frontières libanaises ».

Le Hezbollah est insensible aux effets que sa décision à entrer la guerre en Syrie aura sur le Liban, a signalé Ollaik à Diyaruna, notant que le parti « est impliqué dans des crimes de guerre fortuits et leurs vraies répercussions à long-terme éclateront bientôt au grand jour ».

Le Hezbollah est considéré « une division d'élite dans le Corps des gardiens de la révolution islamique Iranienne (CGRI) », a expliqué le responsable du Courant du Futur et ancien député Mustafa Alloush à Diyaruna.

Le régime iranien « travaille dur pour sécuriser une route sûre de l'Iran à travers la Syrie, au Liban , puisque le dernier sert de position avancé pour l'Iran dans le Moyen-Orient », dit-il.

« Nous regardons alors les combats qui font rage autour de la capitale Damas », poursuit-il, notant que l'Iran essaie d'établir une réalité démographique et militaire dans la zone qui lie Damas au Liban.

En plus de servir les intérêts de l'Iran dans la région, l'insistance du Hezbollah à combattre en Syrie offre un terrain fertile pour l’émergence de groupes extrémistes d'autres sectes, a-t-il affirmé.

Ces conditions ont entraîné la création de groupes tels que « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et le Front al-Nosra (FAN), maintenant connu sous le nom de Fatah al-Sham, et peut conduire à l'émergence d'autres groupes violents, a-t-il ajouté.

Justification pour l'émergence de groupes extrémistes

La présence du parti en Syrie fait partie du conflit en Syrie, et ainsi fait partie de la solution également, a affirmé le professeur de relations internationales à l'Université américaine au Liban Imad Salamey à Diyaruna.

« Le parti remplit un rôle militaire qui profite politiquement à l'Iran dans toute solution de la crise syrienne et consolide son rôle dans la répartition des pouvoirs », dit-il.

Ainsi, toute solution qui garantit les intérêts de l'Iran en Syrie et éliminer la menace au régime syrien conduirait au retrait militaire du Hezbollah et autres milices chiites , a signalé Salamey.

« Toute présence militaire étrangère sur le territoire syrien sert la logique d'une présence étrangère similaire », a-t-il souligné.

De même, toute milice sectaire sert de justification pour sa contrepartie à s'y trouver , a dit Salamey, en référence à l'EIIL et le FAN.

« A cet effet, la présence du Hezbollah et autres forces chiites offre la justification pour la présence d'autres forces extrémistes islamistes combattant le régime, et vice versa », conclut-il.

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