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L'occupation de l'EIIL nuit à la santé d'al-Raqqa

Par Waleed Abou al-Khaïr au Caire

Un enfant syrien dans un camp de réfugiés temporaire au village d'Aïn Issa, qui accueille des personnes ayant fui al-Raqqa, bastion de « l'Etat islamique en Irak et au Levant ». Les années passées sous le joug de l'EIIL ont nui à la santé des habitants d'al-Raqqa, la ville ne pouvant plus faire face à la demande pour les services médicaux. [Delil Souleiman/AFP]

Un enfant syrien dans un camp de réfugiés temporaire au village d'Aïn Issa, qui accueille des personnes ayant fui al-Raqqa, bastion de « l'Etat islamique en Irak et au Levant ». Les années passées sous le joug de l'EIIL ont nui à la santé des habitants d'al-Raqqa, la ville ne pouvant plus faire face à la demande pour les services médicaux. [Delil Souleiman/AFP]

Alors que l'hiver s'abat sur al-Raqqa et que des années de contrôle de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) ont mis à mal la santé de la population, la ville syrienne ne peut plus faire face à la demande pour les services médicaux, indiquent des médecins à Diyaruna.

Il reste peu de médecins dans la ville, ont-ils signalé, et ceux qui pratiquent encore doivent passer une formation à la « charia » développée par le groupe pour pouvoir soigner des patients.

L'EIIL a empêché les agences médicales et d'aide d'opérer dans les zones sous son contrôle, ont-ils déclaré, et il y a un grand manque de médicaments et d'équipement médical.

Les installations médicales restantes d'al-Raqa fonctionnent à environ 10 % de leur capacité en raison du manque de médecins, de médicaments et d'équipement médical, a fait savoir Feriyal al-Khatib, infirmière à l'Hôpital d'al-Raqa ayant demandé de témoigner sous couvert d'anonymat pour sa sécurité.

L'EIIL a établi sa propre école de médecine à al-Raqqa, où les médecins doivent passer une formation religieuse avant de pouvoir pratiquer. [Photo fournie par al-Raqqa est massacrée en silence]

L'EIIL a établi sa propre école de médecine à al-Raqqa, où les médecins doivent passer une formation religieuse avant de pouvoir pratiquer. [Photo fournie par al-Raqqa est massacrée en silence]

La plupart des médecins ont fui la ville, a-t-elle indiqué à Diyaruna, et ceux qui restent sont surchargés et n'ont souvent pas les spécialisations dont les résidents ont besoin.

« Sur les 850 médecins, hommes et femmes, qui travaillaient dans la région, principalement dans les villes d'al-Raqqa et d'al-Tabqa, il n'en reste qu'une dizaine, qui ne travaille même pas dans leur propre spécialité », a-t-elle fait savoir.

Il y a une sévère pénurie de spécialistes, a-t-elle affirmé, notant qu'il n'y a qu'un seul anesthésiste dans toute la province, un seul pédiatre, et deux urgentistes.

« Sur les quatre hôpitaux publics de la province, deux à al-Tabqa et deux à al-Raqqa, seul un étage d'un hôpital est actif à al-Raqqa, avec moins de ressources qu'un centre médical temporaire, et la même chose se passe à l'Hôpital al-Thawra à al-Tabqa », a-t-elle précisé.

L'EIIL a fermé beaucoup de centres médicaux et cliniques privés, a déclaré al-Khatib, et les a réquisitionnés pour les utiliser comme bases ou comme casernes pour ses combattants.

L'EIIL pille les médicaments et l'équipement

L'EIIL a empêché les organisations médicales et d'aide de travailler et a fermé les hôpitaux publics sans fournir d'alternatives, a ajouté al-Khatib.

Les combattants du groupe ont pillé une grande quantité de médicaments et d'équipement médical dans les hôpitaux de la région pour leur propre utilisation, a indiqué al-Khatib.

« La ville, qui fournissait auparavant des services médicaux aux zones environnantes, souffre maintenant du manque d'équipement et de médicaments », a-t-elle indiqué.

« Les médicaments disponibles sont passés en contrebande et vendus à des prix élevés, et il n'y a aucun médicament abordable ou gratuit », a-t-elle déclaré.

Ceci a exacerbé les problèmes de santé de nombreux patients, a-t-elle ajouté, surtout ceux souffrant de maladies graves comme un cancer, une maladie du foie ou un trouble sanguin.

Il n'y a pas de machine de dialyse ou d'incubateurs pour bébés dans la région, a-t-elle indiqué, et les maladies se répandent à cause du manque de services sanitaires.

L'EIIL a interrogé des médecins de Deir Ezzor et a ensuite annoncé à beaucoup d'entre eux qu'ils devaient se préparer à être transférés à Mossoul et al-Raqqa, a rapporté Noureddine al-Jammal, étudiant en médecine de l'université de Damas et bénévole à l'hôpital de campagne de Deir Ezzor.

« La plupart des médecins concernés par ces déplacements sont des chirurgiens et des urgentistes », a-t-il déclaré à Diyaruna, notant que la plupart pratiquent dans la région d'Abou Kamal et d'al-Mayadeen.

« Les hôpitaux de campagne et l'équipement médical ont également été saisis sans donner de raison, et il a été plus tard découvert qu'ils avaient été transférés vers des hôpitaux à al-Raqqa », a-t-il indiqué.

Cela démontre que le groupe se prépare à avoir des victimes pendant la bataille de libération d'al-Raqqa, a affirmé al-Jammal.

L'EIIL contrôle les permis médicaux

« Depuis que les terroristes de l'EIIL ont capturé la ville d'al-Raqqa et la zone rurale l'entourant, la plupart des médecins sont partis pour d'autres régions », a indiqué Nasser al-Ali, un habitant d'al-Raqqa qui a demandé à utiliser un pseudonyme pour sa sécurité.

« Seul un petit nombre de médecins, pas plus de dix, est resté en ville, parmi lesquels quatre femmes », a-t-il précisé à Diyaruna.

« Les médecins restants n'ont reçu un permis pour l'exercice de leur profession qu'après avoir suivi des cours sur la charia dans les centres de la charia de l'organisation », a-t-il relaté.

Les patients atteints de maladies graves doivent payer de fortes sommes aux chefs de l'EIIL pour avoir l'autorisation d'être transférés en Turquie ou dans d'autres parties du pays pour être soignés, a déclaré al-Ali.

Ces sommes peuvent aller jusqu'à 3 000 $, a-t-il indiqué, ajoutant que les patients doivent voyager seuls, ou être accompagnés d'une seule personne s'ils ne peuvent pas voyager seuls.

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