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Les bombardements de Wadi Barada menacent le cessez-le-feu syrien

Nohad Topalian à Beyrouth

L'installation d'eau Ayn al-Fijeh, qui approvisionne Damas, a été ciblée par les bombardements des forces du Hezbollah et du régime syrien. [Photo fournie par Omar al-Shami]

L'installation d'eau Ayn al-Fijeh, qui approvisionne Damas, a été ciblée par les bombardements des forces du Hezbollah et du régime syrien. [Photo fournie par Omar al-Shami]

Les villages de Wadi Barada au nord-ouest de Damas subissent des bombardements au quotidien, ont affirmé des activistes à Diyaruna, menaçant un cessez-le-feu national négocié par la Turquie et la Russie et qui est entré en vigueur depuis à peine quelques semaines.

Depuis que le cessez-le-feu est entré en vigueur à minuit le 30 décembre , les forces du Hezbollah et du régime syrien continuent de bombarder la zone, considérée comme la principale source d'approvisionnement en eau pour la capitale syrienne, ont indiqué des activistes des médias et des résidents locaux.

L'alimentation en eau à Damas a été coupée depuis le 22 décembre, a rapporté l'AFP, et les combattants du régime et de l'opposition s'échangent les accusations sur la responsabilité.

L'ONU a précisé jeudi 5 janvier que 5,5 millions de personnes ont été affectées, avertissant que le sabotage des sources d'eau était un crime de guerre.

Les installations de traitement d'eau Ayn al-Fijeh ont été détruites dans le bombardement, disent des activistes à Diyaruna.

« Les villages de la vallée sons soumis à des tirs d'artillerie ces derniers dix jours dans le cadre d'une offensive menée par la milice du Hezbollah et les forces du régime », a annoncé le directeur du comité des médias à Wadi Barada Abou Mohammed al-Baradawi à Diyaruna.

Cela est censé expulser les combattants de l'opposition de la zone ou les forcer à « conclure un accord de réconciliation en vertu duquel ils rejoindraient les rangs du régime », poursuit-il.

L'opposition a rejeté l'accord, ce qui a poussé le régime à lancer « une campagne militaire d'envergure contre les villages de Wadi Barada utilisant des bombes barils, des tirs de chars et d'artilleries, les tirs d'armes lourdes et des frappes aériennes », a-t-il relaté.

Dégâts considérables à l'infrastructure

Les bombardements incessants ont paralysé les services des usines de production d'eau et d’électricité et ont endommagé les lignes de téléphones fixes et les services d'internet, a souligné al-Baradawi.

Il y avait également plusieurs victimes parmi les résidents locaux et les combattants de l'opposition, qui se débattaient avec les attaques continues, poursuit-il.

Depuis le premier jour de la campagne contre Wadi Barada, dit-il, les forces alliées au régime ont frappé Ayn al-Fijeh avec des bombes barils, mais ont attribué les attaques aux combattants de l'opposition.

« Mais nous, le comité des médias, avons tout documenté », a dit al-Baradawi. « La source d'eau était sous le contrôle des forces de l'Armée syrienne libre (ASL) et de l'opposition pendant des années, et elles supervisaient le processus de stérilisation et de livraison d'eau à Damas, alors pourquoi l'ont-elle bombardée maintenant? »

« Le comité local mandaté par les résidents des villes et villages de Wadi Barada ont facilité l'entrée des équipes d'entretien le 15 décembre », a-t-il signalé.

Elles sont allées réparer une conduite d'eau sous la protection des groupes de l'opposition armée, dit-il, mais immédiatement après l'achèvement du travail de réparation, cinq bombes barils ont été larguées près des puits d'eau minérale de Ayn al-Fijeh.

Cela a causé d'énormes dégâts, ajoute-t-il.

Déplacement forcé des résidents

Wadi Barada subit les tirs dans le cadre d'un plan de longue date du régime pour réaliser « le déplacement des résidents et la poursuite de l'exécution du plan pour provoquer un changement démographique », a signalé l'activiste Omar al-Shami de Ayn al-Fijeh.

A la mi-2015, poursuit-il à Diyaruna, les forces du Hezbollah et du régime syrien « ont commencé à s'attaquer aux villages de Wadi Barada et à déplacer leurs habitants ».

Cela a commencé à Daraya, Barhalia, Qudsaya et al-Tall, dit-il, ajoutant que les forces du Hezbollah et du régime ont déplacé de force les combattants de l'opposition et leurs familles de Wadi Barada vers le nord de la Syrie.

Depuis que l'opposition a rejeté l'initiative de réconciliation, le Hezbollah et le régime menaient une guerre sur les villages de Wadi Barada, utilisant des armes lourdes et moyennes pour réaliser leur but,

« Le Hezbollah et le régime croient qu'en saisissant contrôle des villages de Wadi Barada, le corridor des milices du Hezbollah serait achevé et lui fournirait une route régulière de son bastion [dans les banlieues sud au Liban] à Damas », a précisé al-Shami.

Le deuxième objectif de la campagne militaire « concerne le déplacement des résidents de la vallée pour dégager le territoire pour héberger les membres de familles du personnel du Hezbollah et du régime dans les villages de Wadi Barada », a-t-il ajouté.

Les forces alliées au CGRI bombardent les villages

Depuis l'entrée en vigueur du dernier cessez-le-feu, les villages de Wadi Barada étaient sous des bombardements incessants, a déclaré l'activiste Ahmed Alaa de Kfeir Zayt à Diyaruna.

Les villages ciblés incluaient Bassima, Ayn al-Fijeh, Afra, Harira, Souk Wadi Barada, Kfeir Zayt et Barhalia, dit-il.

Ceux impliqués dans les bombardements des villages de Wadi Barada comprenaient le Hezbollah et les Forces de défense nationale (FDN) alliées au régime, sous la supervision du Corps des gardiens de la révolution islamique iranien (CGRI), a souligné Alaa.

D'après un recensement du conseil local mené à la fin de novembre, dit-il, « la population des villes et villages de Wadi Barada compte plus de 90 000 ».

La plupart des résidents sont des personnes déplacées internes des villes d'al-Zabadani, Douma et Jobar, le village de Harira et autres zones rurales de Damas, a-t-il expliqué.

Le bombardement cible Ayn al-Fijeh, qui fournit 65% d'eau consommée par la ville de Damas, dit-il.

Cela a « détruit toutes les installations de l'usine d'eau, mettant Damas dans un risque d'une vraie catastrophe par suite à l'interruption de l'alimentation en eau », a souligné Alaa.

« Tous les centres médicaux sont hors service, et aucun centre ne peut traiter les blessés », déclare-t-il. « Il y a plus de 10 cas médicaux critiques qui doivent être transportés à des hôpitaux et subir des opérations d'urgence. »

« Ces villages ont été assiégés depuis une année et demi », a-t-il ajouté, et les approvisionnements en nourritures et médicaments sont en pénurie dans les marchés locaux et la demande élevée entraîne une hausse des prix au-delà des moyens des résidents.

« La tragédie est immense dans la vallée, et à moins que les aliments de base ne soient fournis, nous affronterons une énorme catastrophe », conclut-il.

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