Alors qu'elles progressaient pour libérer des villes et villages de la province de Ninive, les forces irakiennes ont fait une découverte inquiétante dans les écoles que « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) utilisait comme bases militaires.

Dans les ruines de ces bâtiments, des membres des services de sécurité ont trouvé des manuels scolaires que le groupe utilisait pour guider les enfants vers l'extrémisme grâce à des enseignements et des images violentes , ont fait savoir des responsables irakiens à Diyaruna.

Le Commandement des opérations conjointes a récemment publié des photos des manuels scolaires découverts par les forces irakiennes lors de l'offensive de libération de la province de Ninive, qui a débuté le 17 octobre.

Ceux-ci incluent des traités sur les mathématiques, la charia politique, et des exercices physiques et sur la langue arabe qui comprennent des textes et une méthodologie pédagogique conçus pour planter les graines du terrorisme dans l'esprit des enfants, a déclaré le commandement.

Une cartouche plus une cartouche égale deux cartouches ; et lorsqu'un « martyr » se fait exploser au milieu de dix « infidèles », en tuant sept, il en reste trois. Voici des exemples des genres de « leçons » des manuels de l'EIIL.

L'énoncé d'un problème de mathématiques est le suivant : « Mohammed a acheté trois fusils vendredi et quatre dimanche. Combien de fusils Mohammed a-t-il achetés ? »

Un autre : « Yahya a acheté un fusil pour cent vingt mille riyals, et Malik a acheté des cartouches avec vingt-six mille sept cents riyals, tandis que le père d'Ammar a lui acheté une ceinture à cartouches pour huit mille sept cent cinquante. Écrivez en chiffre ce que chacun a acheté. »

La police a découvert des centaines de textes et programmes similaires qui prouvent la barbarie du groupe et son approche extrémiste, a déclaré à Diyaruna le premier lieutenant Marwan Moustafa, du bureau de la police fédérale.

« L'EIIL a transformé les écoles en usines de bombes et en bases pour ses opérations militaires », a-t-il poursuivi.

Depuis que ces zones ont été libérées, a-t-il ajouté, la police a organisé des visites de terrain pour les journalistes de la région d'Hamam al-Alil, pour qu'ils voient de leurs propres yeux les dégâts que le groupe a infligés au secteur de l'éducation.

Apprendre aux enfants à tuer

En plus de remplir les têtes des enfants de calculs morbides, l'EIIL les a forcés à regarder ses exécutions collectives sur les places publiques, a indiqué Cheikh Nazhan al-Lahibi, qui mène les forces de mobilisation tribale dans le sud de Mossoul.

« Certains éléments de l'EIIL entraînent des enfants à tirer avec des armes à feu et à mener des décapitations, et les entraînent même à être des combattants de rues, pour tenter de faire de ces enfants de futurs terroristes et de potentiels assassins », a-t-il affirmé à Diyaruna.

La situation actuelle est encore plus grave, a-t-il précisé, car le groupe a forcé de nombreux garçons à combattre dans la bataille de Mossoul, et d'autres ont été emmenés avec leurs familles vers des lieux tenus secrets pour les utiliser comme boucliers humains.

« Nous ignorons encore le destin de familles entières et de leurs enfants, femmes et personnes âgées, que le groupe a emmenés vers des lieux inconnus », a indiqué al-Lahibi. « Nous pensions qu'ils étaient emprisonnés à Tal Afar ou à al-Raqa, mais nos renseignements ont révélé qu'ils n'étaient pas là. »

Solutions gouvernementales

Le ministère de l'Éducation est conscient des nombreux crimes commis par l'EIIL contre les enfants et l'éducation dans la province, selon le comité parlementaire sur l'éducation, et il travaille à trouver toutes les solutions possibles.

Au cours des deux dernières années, beaucoup de parents de Mossoul ont arrêté d'envoyer leurs enfants à l'école, a rapporté la députée irakienne Sajida al-Afandi, qui fait partie du comité.

Le ministère travaille avec le comité pour résoudre cette crise « en se basant sur une approche à deux niveaux », a-t-elle précisé.

Le premier comprend une campagne de sensibilisation pour mettre fin à la propagation de l'idéologie extrémiste prenant pour cible les enfants de la province et la mise d'une réhabilitation psychologique, a-t-elle expliqué.

Le second implique le retour des élèves à l'école pour compenser la perte de deux années d'éducation, a-t-elle déclaré.

Ceci serait fait à travers des tests de placement, qui détermineraient dans quelle classe les enfants devraient être placés, a-t-elle précisé, ou en leur donnant des leçons intensives et des cours du soir selon leur classe et leur niveau pédagogique.