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Des analystes doutent de la rupture du Front Fatah al-Sham avec Al-Qaïda

Waleed Abu al-Khair au Caire

Des combattants du front Fatah al-Sham (FFS), l'ancien Front Al-Nosra (FAN), participent à une démonstration de force à Maarat al-Noumaan en Syrie. [Photo fournie par Abdoullah al-Jark]

Des combattants du front Fatah al-Sham (FFS), l'ancien Front Al-Nosra (FAN), participent à une démonstration de force à Maarat al-Noumaan en Syrie. [Photo fournie par Abdoullah al-Jark]

Bien qu'il affirme être une faction de l'opposition syrienne, le Front Fatah al-Sham (FFS) comprend des combattants étrangers -- une vérité qui dérange que ses dirigeants travaillent dur à banaliser, disent des analystes à Diyaruna.

Ils se demandent aussi si le groupe, autrefois appelé le Front al-Nosra (FAN), s'est séparé réellement d'Al-Qaïda , disant que la déclaration de sa rupture peut être un pas calculé pour assurer sa participation dans une solution politique en Syrie.

Suivre les pas d'Al-Qaïda

Un nombre important de combattants étrangers dans les rangs du FFS ont combattu auparavant dans des conflits dans des lieux comme l'Afghanistan, la Bosnie, la Tchétchénie, la Libye et le Yémen.

Ces combattants, en particulier ceux de l'Asie centrale, ont un statut supérieur dans le groupe, puisqu'ils sont les combattants de haut niveau et possèdent le plus d'expérience sur le champ de bataille.

« Après la rupture présumée du FFS d'Al-Qaïda, il a essentiellement travaillé sur le principe de recrutement de jihadistes et éléments takfiristes de tous les pays du monde, suivant l'exemple du groupe parent, Al-Qaïda », a précisé l'officier de l'armée égyptienne retraité le général de division Yahya Mohammed Ali, un expert en groupes extrémistes.

Les groupes terroristes dépendent généralement sur ce type d'effort de recrutement pour s'assurer que leur présence et menace globales « n'est pas limitée seulement à une zone géographique spécifique », dit-il à Diyaruna.

« Le FAN était capable par le passé de recruter un grand nombre de combattants étrangers et arabes dans ses rangs sur la base d'être le premier groupe terroriste à annoncer son existence après le déclenchement des événements en Syrie », a précisé Ali, ajoutant que les combattants étrangers du FAN sont connus pour leur férocité dans les combats.

Malgré la présence d'un grand nombre de combattants étrangers dans ses rangs, le FFS, comme le FAN avant lui, a essayé de donner l'impression que la majorité de ses combattants sont syriens et qu'il est « un groupe d'opposition syrienne », poursuit-il.

En s'éloignant d'Al-Qaïda, les dirigeants du FFS essayent de sécuriser leur place dans l'avenir politique syrien, a confié Sami Gheit, un chercheur au centre al-Sharq pour les études régionales et stratégiques.

« Ils veulent s'assurer qu'ils ne sont pas marginalisés », puisque la Syrie passe à une solution politique, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Cependant, plusieurs combattants ont prêté allégeance au FFS et « bénéficient de beaucoup de privilèges par rapport aux combattants syriens, irakiens et arabes », a-t-il précisé.

« Ils ont leurs propres hiérarchie », a-t-il indiqué à Diyaruna. « Leurs émirs sont tous de la même nationalité, et se battent même dans leurs propres zones de batailles exclusives. »

« Le leader du FFS Abou Mohammed al-Joulani leur a probablement donné ces privilèges pour les empêcher de déserter [le FFS] et prévenir l'éruption de conflits entre eux et autres groupes du FFS d'autres nationalités », a-t-il souligné.

Doutes sur la rupture avec Al-Qaïda

Outre les combattants de l'Europe et de l'Asie centrale, il'y a des combattants du monde arabe dans les rangs du FFS, a ajouté Ali.

Le grand nombre de combattants irakiens jette un doute sur la rupture réelle du FFS avec Al-Qaïda, a-t-il confié, notant que les combattants irakiens constituent le noyau d'Al-Qaïda en Irak.

Il n'est pas possible de déterminer le nombre précis de combattants étrangers, a ajouté Ali, car les nouveaux combattants ont rejoint « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et le FAN à leur arrivée en Syrie.

Certains ont changé d'allégeance plus tard entre les deux groupes, a-t-il ajouté.

Les combattants étrangers sont une composante clé de la force militaire du FFS, a affirmé le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah à Diyaruna, sur la base de son suivi des publications du FFS et les informations reçues de sources à l'intérieur de la Syrie.

« Les combattants étrangers prêtent allégeance constamment soit à l'EIIL soit au FFS », dit-il.

En 2015, par exemple, Jaish al-Muhajireen wal Ansar (Armée d'immigrants et de partisans) a prêté allégeance au groupe, connu à cette époque sous le nom du FAN, poursuit-il.

La force qui compte 2 000 combattants comprend diverses nationalités, du Tajikistan, Turkménistan, Ouzbékistan et Tchétchénie, entre autres, a-t-il ajouté.

Des factions plus petites telles que le Groupe Tchétchène Criméen, Katibat al-Tawheed et Katibat al-Jihad, composés de combattants des anciens blocs sovietiques, ont également prêté allégeance à l'ancien FAN, a-t-il souligne.

Un grand nombre de combattants européens dont un nombre considérable de russes, ont rejoint directement le FFS, conclut-il.

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