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Terrorisme

Un combattant syrien revient dans la prison où il a été torturé par l'EIIL

AFP

Une photo prise le 25 septembre 2016 montre le drapeau de « l'État islamique en Irak et au Levant » peint sur un mur à l'extérieur de l'ancien Hôtel Manbij qui avait été utilisé comme prison lorsqu'il se trouvait sous le contrôle du groupe. [Ayham al-Mohammad/AFP]

Une photo prise le 25 septembre 2016 montre le drapeau de « l'État islamique en Irak et au Levant » peint sur un mur à l'extérieur de l'ancien Hôtel Manbij qui avait été utilisé comme prison lorsqu'il se trouvait sous le contrôle du groupe. [Ayham al-Mohammad/AFP]

Dans le sous-sol obscur de l'Hôtel Manbij, lance un regard de défi dans la pièce où il a passé 32 jours suspendu à une chaîne, torturé par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL).

« Nos pieds n'ont jamais touché le sol. Parfois ils tiraient la chaîne vers le haut puis vers le bas », pour que ce soit plus douloureux, a décrit Othman à l'AFP dans l'hôtel devenu une prison géré par l'EIIL dans la ville syrienne de Manbij.

« Pendant quelque temps après notre libération, nous ne pouvions plus marcher ou nous concentrer sur quoi que ce soit », a-t-il déclaré.

En août, les Forces démocratiques syriennes (FDS) – une alliance de combattants kurdes et arabes – ont repris la ville dans le nord de ce pays ravagé par la guerre.

Il fut un temps où l'Hôtel Manbij accueillait des étrangers et des Syriens, venus se détendre pour le week-end.

Mais au cours des deux années pendant lesquelles l'EIIL a régné sur Manbij, le groupe a transformé l'hôtel en une prison cauchemardesque pour tous ceux qui avaient enfreint l'interprétation extrême de la loi islamique du groupe.

Othman, un Arabe syrien d'une trentaine d'années, y a passé trois mois fin 2015 après avoir été accusé de collaboration avec des combattants luttant conte l'EIIL.

Cet ancien étudiant en littérature française a été relâché à cause du manque de preuves contre lui – et a rapidement rejoint les FDS.

Portant son uniforme des FDS, Othman est revenu avec l'AFP dans cet hôtel, qui a été lourdement endommagé par des frappes aériennes soutenant l'offensive des FDS.

Il est entré lentement dans le bâtiment, jetant des coups d’œil aux angles, comme s'il s'attendait à ce qu'un combattant de l'EIIL se jette sur lui pour le renvoyer en captivité.

Entassés dans de petits conteneurs

Les étages inférieurs de l'hôtel avaient été transformés par les djihadistes en un labyrinthe souterrain de cellules sombres et de chambres de torture.

« Le soleil du califat s'est levé », affirme un message peint à la main sur un mur.

« On ne voyait jamais le soleil, ici », a répondu amèrement Othman.

Des menottes pendent encore aux portes métalliques noires des cellules, dotées de fentes grossièrement découpées permettant aux geôliers de garder un œil sur leurs prisonniers.

Des cabines de douche en carreaux orange ont été transformées en cellules d'isolement solitaire, et des vêtements couverts de poussière et des bouteilles en plastique jonchent encore le sol.

Dans une pièce, des conteneurs en métal, de moins d'un mètre de haut et de 50 cm de large, sont alignés contre un mur.

C'était « là où des prisonniers restaient assis pendant des jours jusqu'à ce qu'ils avouent », a indiqué Othman, qui a lui-même passé plusieurs jours à l'étroit dans une de ces boîtes.

Il a expliqué que les détenus n'avaient droit de sortir que pendant de brefs moments, pendant lesquels ont leur donnait le choix entre manger et prier – ceux qui choisissaient de manger un petit déjeuner au lieu de faire les prières du matin étaient roués de coups.

Othman a ensuite montré une rangée de trous rouillés dans un mur au carrelage blanc.

« Il y avait des crochets, ici. C'est là où ils nous suspendaient », a déclaré le combattant barbu.

« Ils nous donnaient des coups partout ; sur la tête, le corps... Ils nous faisaient monter dans une grande roue qu'ils frappaient. »

Cependant, Othman se considère comme chanceux, pour avoir réussi à s'en sortir en vie et plutôt en bonne santé.

« Certains sont restés suspendus en l'air pendant six mois. Ils ne peuvent plus marcher à cause de caillots sanguins », a-t-il indiqué.

D'autres personnes qui étaient emprisonnées avec lui ont été exécutées par l'EIIL.

« Ils inventent les accusations qu'ils veulent et décapitent les gens », a déclaré Othman.

« Comment osent-ils s'appeler un État islamique ? »

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