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Malgré l'échec de la trêve en Syrie, l'espoir persiste

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des enfants syriens à Alep profitent du bref cessez-le-feu pour profiter de l'Aïd al-Adha. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Des enfants syriens à Alep profitent du bref cessez-le-feu pour profiter de l'Aïd al-Adha. [Photo fournie par Mohammed al-Abdoullah]

Bien que le récent cessez-le-feu syrien, arbitré par les États-Unis et la Russie ait pris fin, cette courte fenêtre de calme a donné un aperçu de ce qui peut être possible si une solution politique aboutit, ont déclaré des observateurs à Diyaruna.

Le cessez-le-feu a débuté le 12 septembre, et a été brisé une semaine plus tard, lundi 19 septembre, lorsque l'armée syrienne a accusé des groupes de l'opposition d'avoir violé les termes de l'accord et a déclaré la fin de la trêve.

Le cycle de violence a rapidement repris, et une frappe mortelle contre un convoi conjoint de l'ONU, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge qui apportait de l'aide à la ville d'Oroum al-Koubra dans la province d'Alep a déclenché de sévères condamnations parmi les parties prenantes. Toujours mercredi 21 septembre, des affrontements mortels et des bombardements ont repris dans la ville d'Alep.

Suite à une réunion mardi entre la Russie et les parties prenantes en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre américain des Affaires étrangères John Kerry a soutenu que les espoirs pour un cessez-le-feu étaient toujours présents en Syrie.

Lors de brèves remarques alors qu'il quittait une réunion du Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), composé de 23 nations, Kerry a indiqué que les discussions reprendraient plus tard dans la semaine.

Des militants et des journalistes sur le terrain ont rapporté un important déclin des violences pendant le cessez-le-feu, en omettant quelques non-respects sporadiques par des groupes extrémistes qui avaient annoncé qu'ils ne suivraient pas ce cessez-le-feu.

Les habitants d'Alep ont déclaré que les frappes aériennes et les bombardements n'ont pas été entendus pendant les premiers jours du cessez-le-feu, a signalé l'AFP, tandis que l'Observatoire syrien des droits de l'Homme a indiqué que le nombre de morts avait été bien plus bas que d'habitude.

La solution militaire condamnée à échouer

Bien que les violences ont repris, les belligérants sont de plus en plus convaincus qu'ils ne gagneront pas par le combat, a fait savoir le chercheur politique Abdoul Nabi Bakkar, professeur à la faculté de charia et de droit de l'université Al-Azhar.

« Les groupes armés de l'opposition et les forces du régime ont atteint un stade d'épuisement après cinq ans de conflit et d'opérations militaires », a-t-il expliqué à Diyaruna. « Les deux côtés sont désormais convaincus qu'elles sont entrées dans une guerre d'attrition où une solution militaire est inatteignable. »

Mais arriver à la fin des combats comporte de nombreux défis.

Dans les zones contrôlées par l'opposition, des groupes armés terroristes tenteront d'envenimer la situation et violeront les accords de cessez-le-feu afin de préserver leur existence, a prévenu Bakkar.

Pendant ce temps, dans les régions sous contrôle du régime, a-t-il poursuivi, il existe des groupes et factions armés affiliés au régime qui ont des objectifs et des calculs politiques propres à eux-mêmes.

« Tout le monde a compris que la solution en Syrie, même si elle met du temps à se réaliser, est une solution politique », a déclaré le journaliste syrien Mohammed al-Abdoullah, qui habite au Caire.

« Les deux parties n'ont pas réussi à imposer une solution par la voie militaire », a-t-il précisé à Diyaruna.

Le cessez-le-feu de courte durée pourrait réussir à poser les bases de la prochaine phase de lutte contre « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) et d'autres groupes armés extrémistes, a-t-il conclu.

L'espoir d'une solution politique demeure

Abdoullah al-Hassan, un marchand syrien de la ville d'Hama qui réside actuellement au Caire, a déclaré à Diyaruna qu'il ne pensait pas vraiment que la trêve durerait, indiquant les précédentes tentatives infructueuses pour calmer la situation.

Mais il espérait tout de même qu'elle tiendrait, a-t-il indiqué.

« J'espère que le processus s'accélère et que des fondations solides soient posées pour la Syrie de demain, d'une manière qui garantisse une vie digne et la fin des massacres et de la destruction », a-t-il ajouté.

Il y a toujours une chance d'arriver à de nouveaux gains par une solution politique, qui serait en premier lieu dans l'intérêt des Syriens, a affirmé al-Hassan.

Cependant, il a indiqué qu'il resterait pour l'instant au Caire.

« Il est trop tôt pour parler de revenir, car la plupart des zones sont dévastées et ne disposent pas des produits de première nécessité, et l'EIIL continue de représenter une menace », a-t-il déclaré.

« Des Syriens de toutes les affiliations actuelles souhaitent la fin du bain de sang, et s'accordent tous à dire que le dilemme central est représenté par les groupes terroristes qui ont exploité la situation pour proliférer dans de nombreuses régions », a affirmé Halim al-Ramli, professeur d'économie à l'université de Damas.

Une trêve durable serait une « opportunité en or pour lancer une véritable guerre contre le terrorisme avec la participation de tout le monde », a-t-il déclaré à Diyaruna.

Ceci mènerait alors au retour du dialogue interne entre les Syriens, qui poseraient les fondations pour le futur, a ajouté al-Ramli.

Après toutes les souffrances des années passées, a-t-il poursuivi, les Syriens ont désespérément besoin « d'une solution politique rapide et urgente ».

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