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Terrorisme

L'EIIL emprisonne des habitants d'al-Bab aléatoirement

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

Des civils syriens fuient al-Bab, dans la province d'Alep, après que « l'État islamique en Irak et au Levant » ait resserré son emprise sur la ville. [Photo de la page Facebook Al-Bab Al-Hadath]

Des civils syriens fuient al-Bab, dans la province d'Alep, après que « l'État islamique en Irak et au Levant » ait resserré son emprise sur la ville. [Photo de la page Facebook Al-Bab Al-Hadath]

Suite à sa défaite dans la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) s'est engagé dans une démonstration de force dans la ville proche d'al-Bab, ont déclaré des résidents et des militants à Diyaruna.

Des éléments de l'EIIL ont emprisonné, dans cette ville de la province d'Alep et ses alentours, des hommes et des jeunes au hasard, en particulier des personnes d'origine kurde, et les ont emmenés vers des lieux inconnus, ont-ils rapporté.

De plus, ont-ils indiqué, l'EIIL a saisi la plupart des maisons des habitants ayant fui la zone, et les utilise comme postes pour ses éléments, et comme logements pour leurs familles.

Les habitants pris pour cible

L'EIIL s'en prend à al-Bab suite aux pertes que le groupe a subi à Manbij , a déclaré le militant des médias Tariq al-Ahmad, administrateur de la page Facebook Al-Bab Al-Hadath, qui délivre des nouvelles sur la région et les actions militaires.

Le groupe prend surtout pour cible les personnes d'origine kurde, qui peuvent être détenues sans aucune raison, a-t-il précisé à Diyaruna.

L'EIIL cherche à rassembler le plus grand nombre possible de Kurdes pour les utiliser comme boucliers humains lorsque la bataille pour la libération de la ville aura commencé, a-t-il indiqué, ajoutant que la plupart de ceux qui restent dans la zone sont des fermiers ou des familles qui n'ont pas les moyens financiers de fuir.

Selon al-Ahmad, le groupe lance des raids dans des villages de la campagne entourant al-Bab et effectue des arrestations aléatoires, capturant parfois des communautés entières, certains villages n'ayant pas plus de 200 résidents.

« Dans certains cas ce ne sont que de petites communautés agraires », a-t-il expliqué. « Personne ne sait précisément où le groupe amène ces détenus. »

Des éléments de l'EIIL fouillent les maisons à la recherche de téléphones satellites, a-t-il ajouté, après avoir fait fermer les cybercafés de la ville et avoir interdit l'abonnement aux fournisseurs d'accès à internet.

Le groupe a également interdit aux habitants d'utiliser des antennes satellites, a-t-il poursuivi, et fouillent les maisons pour trouver des récepteurs satellites.

« Ceci a laissé al-Bab et ses zones rurales semi isolées du monde extérieur, car personne à l'intérieur n'a accès aux informations de l'extérieur, et très peu de personnes [à l'extérieur] savent ce qui s'y passe », a-t-il expliqué.

Forte présence de l'EIIL à al-Bab

Des responsables militaires de la région signalent une forte présence d'éléments de l'EIIL à al-Bab.

Après que l'EIIL se soit retiré de Manbij, des centaines de ses combattants se sont dirigés vers al-Bab, où ils ont été rejoints par des dizaines d'autres provenant d'al-Rai, près de la frontière avec la Turquie, a indiqué Abou Ibrahim, commandant de l'Armée syrienne libre (ASL), qui utilise un pseudonyme pour sa sécurité.

Plusieurs factions de l'opposition combattant sous la bannière de l'ASL ont récemment chassé l'EIIL d'al-Rai.

Abou Ibrahim a déclaré à Diyaruna qu'il pense qu'un important nombre de combattants de l'EIIL à al-Bab est « un signe des violentes batailles à venir » si le signal d'attaquer la ville est donné.

Les civils enlevés par le groupe seront un obstacle à toute opération militaire « étant donné que le groupe va certainement les utiliser comme boucliers humains pour prolonger la bataille ou pour assurer le repli de ses éléments », a-t-il ajouté.

Ceci s'est déjà produit lors des combats pour Manbij , a-t-il précisé.

L'EIIL a déployé ses espions dans tout al-Bab pour récolter des informations afin d'emprisonner ceux qui organisent les évasions de la zone ou qui communiquent avec le monde extérieur, a-t-il indiqué.

« Des exécutions sont menées dans la ville et ses zones rurales contre ceux suspectés de communiquer avec toute force hostile à l'EIIL, et qui sont accusés d'apostasie », a ajouté Abou Ibrahim.

La peine pour apostasie est souvent l'exécution, « selon les normes établies par l'EIIL », a-t-il déclaré.

Des efforts pour s'occuper des déplacés

« Des équipes du Croissant-Rouge poursuivent leurs efforts pour accueillir les personnes déplacées d'al-Bab et ses zones rurales, et ont monté des camps pour le grand nombre de personnes fuyant l'EIIL », a expliqué Azad Doudeki, qui dirige une équipe du Croissant-Rouge kurde opérant dans le canton d'Afrin.

Ils travaillent à obtenir des tentes, de la nourriture et des fournitures médicales dans la région d'Afrin, a-t-il indiqué à Diyaruna.

Les camps principaux sont pleins, a-t-il déclaré, et les nouveaux camps ont encore besoin de beaucoup de travail en termes d'infrastructure et de services, comme l'apport d'eau potable.

« Certaines organisations essaient de subvenir aux besoins de base avec des paniers alimentaires distribués deux fois par semaine », a-t-il rapporté. « Cependant, beaucoup de familles sont réparties dans les villages et les zones rurales d'Afrin, rendant difficile le fait de leur apporter un logement et de l'aide. »

Quant à la situation médicale, Doudeki a indiqué que le Croissant-Rouge a créé plusieurs postes fixes dans les camps importants, et dispose d'installations mobiles qui font le tour des zones où les personnes déplacées se sont rassemblées, pour leur fournir des médicaments et des vaccins.

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