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Santé

Une épidémie de méningite aggrave les malheurs de Madaya

Par Nohad Topalian à Beyrouth

Le docteur Mohammad Youssef, directeur du comité médical de Madaya, au chevet de Khawla Ezzedine et sa fille Sanaa lors de la récente épidémie de méningite dans la ville proche de Damas. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Le docteur Mohammad Youssef, directeur du comité médical de Madaya, au chevet de Khawla Ezzedine et sa fille Sanaa lors de la récente épidémie de méningite dans la ville proche de Damas. [Nohad Topalian/Al-Mashareq]

Un nombre croissant de cas de méningite virale a été enregistré dans la ville syrienne de Madaya, qui est assiégée par le régime et le Hezbollah, soutenu par l'Iran, depuis juillet 2015 , ont expliqué des médecins locaux à Al-Mashareq.

Des dizaines de nouveaux cas ont été enregistrés dans cette ville proche de Damas, ont-ils déclaré, les enfants y étant particulièrement vulnérables.

Après des appels de la part du comité médical de la ville, le Croissant-Rouge arabe a évacué onze cas de la ville le 8 septembre, parmi lesquels quatre enfants.

Les premiers symptômes de méningite sont apparus à Madaya début août, avec plusieurs infections signalées, dont celle de Yaman Alaa Ezzeddin, âgé de onze ans, et dont la situation difficile a provoqué le lancement d'appels à l'évacuation.

Le 19 août, Yaman et douze autres enfants ont été évacués de la ville assiégée et emmenés à Damas pour y recevoir une aide médicale.

Début septembre, le comité médical de Madaya a annoncé que la ville était passée à un « stade médical critique », indiquant l'émergence de plusieurs cas suspectés de méningite virale se répandant chez les enfants.

Plus de 30 cas ont été diagnostiqués depuis début août, a précisé le comité.

Le comité a imploré les Nations unies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et Médecins sans frontières (MSF) « d'agir rapidement et d'assumer leurs responsabilités pour sauver les habitants assiégés de cette épidémie ».

Il leur a demandé de « faire pression [sur le régime] pour ouvrir des couloirs humanitaires urgents et permettre l'entrée immédiate de la nourriture et de fournitures médicales ».

Une famille entière infectée

Toute la famille de Yaman Ezzeddin a été infectée – sa mère Khawla, son père Alaa, et ses sœurs Bayan et Sanaa – et a été transportée vers un hôpital de Damas le 8 septembre, après une quarantaine dans leur domicile.

Khawla Ezzeddin a déclaré qu'ils ne s'attendaient pas à ce que l'infection se propage.

Quelques jours après l'évacuation médicale de Yaman, a-t-elle raconté à Al-Mashareq, sa fille de douze ans , Bayan, a commencé à manifester des symptômes du virus.

« Sa température est montée au-dessus de 40 degrés, et elle avait également des hallucinations, de violentes migraines et des douleurs dans les yeux », a-t-elle décrit. « Nous avons vite appris, après qu'elle ait été examinée par un médecin, qu'elle était victime de méningite, qui s'est rapidement étendue à nous. »

Les conditions difficiles de Madaya ont contribué à la crise médicale de la famille, a-t-il déclaré, notant qu'ils n'avaient pas accès à une nourriture ou des soins médicaux suffisants.

« Le siège qui nous a été imposé nous a privés des besoins de base », a-t-elle indiqué. « Je ne peux plus le supporter, et je suis incapable de prendre soin de [ma famille], car je suis cloué au lit. »

Pénuries d'aliments de base

La « grave malnutrition » courante à cause d'une pénurie d'aliments de base a eu « un impact négatif sur les systèmes immunitaires des habitants assiégés de Madaya », a affirmé le docteur Mohammad Youssef, dirigeant du comité médical de Madaya.

« Nous souffrons d'un important manque d'eau, de nourriture, d'électricité et de médicaments efficaces depuis 15 mois, lorsque le régime et les forces du Hezbollah nous ont imposé un siège », a-t-il expliqué à Al-Mashareq.

« L'énorme pénurie d'aliments de base et le manque de lait pour les enfants ont mené à la propagation de maladies et aux épidémies », a-t-il ajouté.

« Nous ne nous attendions pas à ce que la maladie se répande », a déclaré Youssef. « Mais depuis le diagnostic du premier cas en août, nous vivons sous son spectre. Elle se propage rapidement, et bien que nous ayons transféré les enfants infectés vers des hôpitaux de Damas, nous enregistrons de nouvelles infections tous les jours. »

L'équipe médicale de la ville n'a pas les ressources pour traiter des méningites, a-t-il indiqué, et ne peut pas fournir des vaccins pour empêcher sa propagation.

« Tout ce que nous avons pu faire est de mettre en place un centre de quarantaine, lancer des appels à l'aide et implorer les organisations internationales d'ouvrir un couloir humanitaire et de transférer les patients pour qu'ils soient traités en dehors de la ville », a-t-il poursuivi.

Le Hezbollah exploite la souffrance

Le dernier convoi de nourriture de l'ONU est entré dans Madaya il y a cinq mois, a annoncé Youssef.

Entre-temps, le régime et le Hezbollah ont renforcé le siège de la ville et vendent des denrées de bases aux habitants à des « prix exorbitants ».

À Madaya, le Hezbollah vend un kilo de lait en poudre pour bébé à 150 dollars, un litre d'essence à 50 dollars, et un litre de diesel pour faire tourner les générateurs à 30 dollars, a-t-il rapporté, ajoutant que l'organisation bloque l'arrivée d'aide médicale et de nourriture.

Le groupe armé « exploite le siège et punit des citoyens innocents par ses actions », a-t-il affirmé.

Les résidents de Madaya « ont besoin d'aide sous toutes ses formes, car le spectre de la mort s'étend sur la ville, à cause de la faim, des maladies et de la peur », a-t-il déclaré.

« Les équipes médicales de Madaya éprouvent de grandes difficultés à développer un plan de diagnostic de maladie en raison de la grave pénurie de capacités [médicales], d'équipement, d'instruments de laboratoire pour le diagnostic, et de médicaments », a expliqué à Al-Mashareq le médecin Ahmed Abdel-Wahab.

« Toutes ces pénuries nous obligent à utiliser des méthodes traditionnelles de traitement et des sérums inefficaces », a-t-il expliqué.

En attendant, a-t-il ajouté, « nous sommes fatigués de ce siège. Il n'y a plus rien dans nos maisons que nous pouvons vendre contre des denrées de première nécessité ».

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1 COMMENTAIRE (S)
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Quelles sont les dernières nouvelles des villes de Foua, Kafriya, et Deir ez-Zor, elles sont toutes assiégées par les terroristes ? Pourquoi n'aviez-vous rien dit quand Noubl et Al-Zahra étaient assiégées ?

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