Alors que « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL) continue de perdre du territoire et de son influence, il essaie d'élever une nouvelle génération de combattants qui seront plus meurtriers que les éléments actuels, selon une mise en garde emise par des experts.

Dans le rapport annuel de l'UE intitulé Situation et Tendance du terrorisme (TE-SAT), publié en juillet, l'Agence de police européenne Europol a averti que les enfants de combattants étrangers vivant sous le contrôle de l'EIIL en Irak et en Syrie sont une source de « préoccupation particulière ».

Ils sont vulnérables à l'endoctrinement du groupe et sont entraînés pour devenir « la nouvelle génération » de terroristes, a fait savoir le rapport.

« Dans leur propagande, l'EIIL a souvent montré qu'il entraîne ces mineurs pour devenir la nouvelle génération de combattants terroristes étrangers, qui peuvent constituer une future menace à la sécurité des états membres», a signalé le rapport.

« Certains rapatriés vont perpétuer la menace terroriste à l'UE à travers les activités de facilitation, de collecte de fonds, de recrutement et de radicalisation», a-t-il expliqué. « Ils peuvent également servir de modèles pour les futurs candidats jihadistes violents. »

Europol estime que plus de 5000 européens ont voyagé à des camps d'entraînements terroristes à l’étranger, dont ceux gérés par l'EIIL en Irak et en Syrie.

Dans une étude publiée en mars 2016, « les Enfants de l'Etat islamique », le groupe de réfelxion contre le terrorisme basé à Londres la Fondation Quilliam a estimé qu'il y avait 31 000 femmes enceintes dans les territoires contrôlés par l'EIIL.

« L'avenir des enfants nés et élevés dans [le territoire de l'EIIL] est un problème pressant et pertinent, exigeant une attention immédiate de la part de la communauté internationale », a indiqué le rapport.

Radicalisation précoce

Les enfants nés dans le territoire de l'EIIL constituent une grande future menace, puisqu'il rejoindront les rangs de l'EIIL et seront endoctrinés avec son idéologie à un jeune âge, a précisé l'analyste militaire égyptien et l'officier militaire retraité le général de division Abdoul-Karim Ahmed.

La menace n'est pas seulement limitée aux zones sous le contrôle de l'EIIL, mais elle s'étend aux zones à l'extérieur de la Syrie et l'Irak, a-t-il affirmé à Diyaruna.

Ces enfants « seront non seulement des combattants qui défendront les zones du groupe mais peuvent aussi, vu la mentalité criminelle du groupe, devenir des bombes à retardement dispersées à travers le monde », poursuit-il.

L'EIIL a créé les soi-disant camps d'entraînement des « Jeunes combattants du Califat » dans les zones sous son contrôle qui sont « bien protégées et maintenues », a indiqué Ahmed.

« Si le groupe utilise ces enfants à un jeune âge, ils seraient sans doute inscrits dans les unités des kamikazes ou les équipes de mission de reconnaissance dans les zones dangereuses », a-t-il expliqué.

Il serait plus facile pour le groupe d'utiliser les enfants dans les attentats-suicides dans les zones de combats, ajoute-t-il, puisque cela rend la tâche de les cibler plus difficile au moment où plusieurs familles et enfants fuient les zones sous le contrôle de l'EIIL au quotidien.

Attirer les femmes au "Califat"

Depuis sa création, le groupe a cherché à recruter les filles et femmes au moyen de sa machine médiatique toujours promouvant « le territoire du Califat», a affirmé Sami Gheit, un chercheur du centre Al-Charq Centre pour les Etudes régionales et stratégiques.

Des centaines de femmes sont tombées dans le piège de recrutement suite à cette propagande, a-t-il affirmé à Diyaruna, prises par la promesse de mariage et la vie dans « l'Etat » de l'EIIL.

Ces recrues sont généralement chargées de missions non-combatives, poursuit-il, à l'exception de brigades dédiées aux femmes uniquement qui ont été chargées de missions d'al-hesba (police religieuse) dans les grandes villes telles que al-Raqqa, Manbij et al-Bab.

L'EIIL a aussi enlevé des centaines de filles, en particulier de la communauté Yazidi en Irak, pour les distribuer à ses combattants ou les vendre comme esclaves, a affirmé Gheit, « ainsi atteignant le sommet de la criminalité et de l'inhumanité dans ses actions et pratiques ».

« Il était évident que le groupe a planifié depuis le début de créer une nouvelle génération de combattants qui lui sont loyaux et qui seraient encore plus meurtriers que ses anciens combattants recrutés», a-t-il dit.

Enfants robots sans volonté

Les enfants nés dans le territoire contrôlé par l'EIIL sont endoctrinés et dépourvus de sentiments dès la naissance, a expliqué Enas al-Jamal, pédopsychiatre, chargé de cours à l'Université égyptienne Ain Shams.

« Il est naturel que leurs têtes soient remplies d'idées criminelles du groupe, qui seront inculquées dans leurs esprits comme vérité absolue sur laquelle ils ont été élevés» a-t-elle précisé à Diyaruna.

« Ils seront placés dans les camps d'entraînement à un jeune âge, où ils seront entraînés et enseignés les manières et méthodes du groupe », a-t-elle ajouté, notant qu'en grandissant, il est plus difficile de les réhabiliter.

« Ils ressembleront plus à des robots, dépourvus de volonté et de capacité de penser, et leur seule mission sera de mener les tâches qui leur sont confiées», a-t-elle dit.

L'autre grande menace est liée aux filles et femmes « car elles sont dépourvues de leur volonté et transformées en machines à procréer, et sont par conséquent soumises au viol constant », a souligné al-Jamal.

Cela cause des problèmes psychologiques graves qui nécessitent une longue période de psychothérapie et de réhabilitation avant qu'elles ne puissent retourner à la vie normale, a-t-elle ajouté.

Al-Jamal a souligné la nécessité « d'efforts internationaux concertés pour faire face à ce grave danger qui menace le monde entier ».