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Terrorisme

Les équipes de déminage au travail pour nettoyer Manbij

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

La vie reprend lentement son cours dans la ville syrienne de Manbij après l'éviction de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par Ayham Issa]

La vie reprend lentement son cours dans la ville syrienne de Manbij après l'éviction de « l'État islamique en Irak et au Levant ». [Photo fournie par Ayham Issa]

Depuis que les forces de libération ont chassé « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) de la ville de Manbij, dans le nord de la Syrie, les unités du génie s'emploient à retirer le grand nombre de mines et d'engins piégés que le groupe a laissés derrière lui.

Des membres des équipes de déminage affiliées au Conseil militaire de Manbij (CMM) ont expliqué que l'EIIL avait installé des engins explosifs improvisés (EEI) et des pièges sur les routes et les terrains agricoles de la région, ainsi que dans plusieurs habitations.

Ils expliquent avoir retiré des EEI cachés à l'intérieur de pots et de casseroles, de réfrigérateurs et de lave-linge, ainsi que dans des lits et des banquettes, soulignant que ces engins étaient manifestement destinés à tuer des civils.

Durant leurs opérations de ratissage de la ville, les Forces démocratiques syriennes (FDS), le CMM et les autres forces de libération ont mis la main sur plusieurs entrepôts de l'EIIL contenant des mines et des EEI, a expliqué Sinan Qamishlo, qui dirige une équipe de déminage des FDS à Manbij.

Ces EEI avaient été truffés de morceaux de ferraille et de clous, a-t-il précisé à Diyaruna.

« Ces engins étaient manifestement prêts à être installés », a-t-il ajouté, précisant que « la rapidité avec laquelle les forces [de libération] ont progressé doit avoir empêché leur mise en place ».

Ces mêmes entrepôts contenaient des centaines de kilos de produits chimiques utilisés dans la fabrication d'explosifs, ainsi que des dizaines de ceintures d'explosifs que les combattants du groupe portaient au combat, a-t-il ajouté.

Une cible : les civils

Ces EEI avaient été mis en place pour atteindre les habitants qui refusaient de se soumettre à la règle de l'EIIL, a poursuivi Qamishlo, et « pour ralentir et gêner » l'avance des forces de libération.

Par cette tactique, a-t-il poursuivi, l'EIIL tente de ralentir la progression des forces de libération, qui doivent déployer des spécialistes du déminage et des unités du génie pour nettoyer les routes qu'elles comptent utiliser.

« Le danger reste largement présent », a déclaré à Diyaruna Abdel Fattah Nasreddine, combattant au sein de Kataeb Shams al-Shamal.

Cela est en grande partie dû aux milliers de mines installées par le groupe à l'intérieur de la ville, dans ses régions rurales et sur les frontières de la région, a-t-il poursuivi, « en particulier le long des routes utilisées par les habitants pour fuir vers les zones libérées ».

De nombreux habitants des régions libérées ont subi de graves blessures, des amputations et des décès à la suite d'incidents impliquant des mines et des EEI, a-t-il ajouté.

Ces engins sont parfois réglés pour exploser lorsque l'on ouvre une porte ou un meuble, a-t-il ajouté, soulignant que dans certains cas, des appareils électroménagers comme des réfrigérateurs avaient été piégés pour exploser à l'ouverture de leur porte.

Il est impossible de déterminer avec précision le nombre de décès dus à des mines, en raison de l'étendue de la zone d'opération contre l'EIIL, a-t-il expliqué, et parce que les blessés sont répartis entre plusieurs hôpitaux et centres médicaux de terrain.

« Mais au moins deux cents blessés et plus de quarante morts ont été enregistrés à ce jour », a-t-il poursuivi, soulignant que les blessures de moindre gravité sont traitées dans des hôpitaux mobiles et de terrain, tandis que les cas critiques sont généralement transportés vers les hôpitaux de Kobani.

Déminage en cours

Nombre de ces blessés sont des enfants, a expliqué Nasreddine, et les corps des personnes tuées alors qu'elles tentaient de fuir Manbij se trouvent encore dans les champs entourant la ville, car il est impossible de les récupérer alors que les hostilités se poursuivent.

Les équipes du génie ont à ce jour désamorcé plus de sept mille mines et EEI installés par l'EIIL à Manbij et dans les champs environnants, a expliqué pour sa part Mustafa Ceylan, membre d'une équipe de déminage appartenant aux Unités de protection du peuple kurde (YPG) qui travaille en coordination avec le CMM.

Le grand nombre de blessures et de décès dus aux mines résulte de la décision prise par l'EIIL de piéger nombre d'appareils domestiques, comme des cafetières et des théières, des jouets d'enfants et des meubles, les réfrigérateurs et les lave-linge, a-t-il expliqué à Diyaruna.

« De même, nous avons désamorcé des pièges cachés dans des lits et des canapés, qui avaient été piégés pour exploser si l'on s'asseyait dessus, ainsi que des pièges à déclenchement sonore », a-t-il ajouté.

Les forces de sécurité et plusieurs unités du génie informent les habitants qui souhaitent réintégrer leurs foyers du danger des mines, a-t-il précisé.

« La décision a été prise de ne pas permettre aux habitants de rentrer dans les zones libérées avant qu'il n'ait été confirmé qu'elles étaient exemptes de mines et d'EEI et que les équipes de déminage y avaient terminé leur travail », a-t-il ajouté.

Cette procédure pourrait prendre beaucoup de temps au vu de la topographie de la région et de la dissémination des terrains agricoles et des zones d'habitation sur une vaste aire géographique, a-t-il conclu.

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