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Terrorisme

L'EIIL resserre son étreinte sur les habitants d'al-Raqa

Par Waleed Abou al-Khair au Caire

« L'État islamique en Irak et au Levant » a renforcé ses pratiques hostiles à l'encontre des habitants d'al-Raqa, alors que le groupe subit des pertes de plus en plus lourdes à Manbij. [Photo fournie par Al-Raqa est massacrée en silence]

« L'État islamique en Irak et au Levant » a renforcé ses pratiques hostiles à l'encontre des habitants d'al-Raqa, alors que le groupe subit des pertes de plus en plus lourdes à Manbij. [Photo fournie par Al-Raqa est massacrée en silence]

Les habitants de la ville syrienne d'al-Raqa expliquent à Diyaruna qu'ils vivent dans des conditions de plus en plus difficiles parce que « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) accentue ses pratiques criminelles après avoir perdu Manbij.

Parallèlement, ont-ils ajouté, de nombreux membres de l'EIIL ont été contraints de déplacer leurs familles à al-Raqa à cause des pertes territoriales du groupe, aggravant les pressions économiques et les pénuries alimentaires dans la ville.

Depuis le début de l'opération militaire destinée à libérer Manbij, la pression que l'EIIL exerce sur les habitants d'al-Raqa s'est intensifiée pour atteindre des « niveaux insupportables », a expliqué à Diyaruna Amjad al-Mohammad, natif d'al-Raqa.

« La surveillance est plus intense qu'avant, et des dizaines de points de contrôle ont été mis en place dans la ville et à ses entrées ; la surveillance des champs environnants a également été renforcée », a-t-il ajouté.

Les éléments de l'EIIL affichent une forte présence dans la ville, a-t-il poursuivi, et mènent des opérations au hasard contre certains établissements comme des cybercafés, en déboulant soudainement et en criant à tout le monde de lever les mains en l'air.

« Ils se livrent ensuite à une inspection pour voir ce que font les clients, et arrêtent quiconque est en train de consulter des sites d'information ou des médias sociaux contenant des informations hostiles au groupe », a-t-il expliqué.

Les éléments du groupe effectuent également des raids contre des maisons, à la recherche d'antennes satellitaires, que l'EIIL a interdites, bien que de telles antennes se voient encore sur les toits des maisons occupées par les éléments du groupe et leurs familles.

Exécutions publiques

De plus, a expliqué al-Mohammad, l'EIIL a repris sa pratique des châtiments en public, et a exécuté plusieurs personnes sur les places publiques de la ville.

En un mois, le groupe a ainsi exécuté sept personnes, a-t-il poursuivi, dont un jeune garçon de 15 ans, al-Harith Abdoullah al-Majeed, originaire d'al-Tabqa, que le groupe avait accusé « d'apostasie » et de travailler pour les forces de libération.

« Le lieu où se déroulent la plupart de ces actes barbares est le rond-point de l'horloge, et parmi les personnes exécutées par décapitation se trouvaient Mohammed al-Elaiwi et son fils Mouhannad, accusés de travailler avec la coalition », a-t-il indiqué.

Les articles parus dans la presse indiquant que l'EIIL a lancé une campagne de pardon pour laver les noms de ceux accusés de travailler avec des parties hostiles sont infondés, a précisé al-Mohammad.

« Il semble que le groupe ait été à l'origine de ces articles, car ils contenaient un appel lancé par le groupe aux habitants accusés de tels actes leur demandant de se présenter d'eux-mêmes au bureau de la police religieuse pour avouer et obtenir leur pardon », a-t-il ajouté.

Même si cela était vrai, a-t-il poursuivi, les habitants de la ville ne font pas confiance au groupe, et ils ne seraient pas assez bêtes pour se rendre d'eux-mêmes, « car ils savent très bien que la peine pour une telle accusation est la mort par décapitation ».

Ces dernières semaines, a expliqué à Diyaruna Wael Moustafa, natif d'al-Raqa, le groupe a accentué la confiscation des maisons, des terres et des magasins des habitants qui ont fui la ville, prétextant qu'ils se sont enfuis vers la terre des infidèles et sont considérés comme apostats.

« La situation économique dans la ville et ses zones rurales est très difficile en raison de la rareté des fournitures entrant dans la ville suite aux combats qui font rage dans plusieurs régions », a expliqué Moustafa, ajoutant que cette situation a été exacerbée par le nombre croissant de personnes ayant été déplacées dans la région.

La ville regorge actuellement de milliers de nouveaux arrivants, a-t-il expliqué, notamment de civils et de familles des éléments de l'EIIL ayant fui Manbij, Deir Ezzor et al-Sweida.

Tensions internes

Plusieurs quartiers de la ville ont été le théâtre de tensions importantes entre des éléments de l'EIIL syriens et étrangers, a expliqué à Diyaruna Hamad Matar, commerçant à al-Raqa.

Le groupe refuse en effet de récupérer les corps de ses combattants syriens tués au combat, par exemple, alors qu'il récupère les corps de ses éléments étrangers, a-t-il précisé.

« D'autres tensions ont également vu le jour en raison de négligences médicales, les combattants étrangers bénéficiant de soins médicaux complets tandis que les besoins des Syriens en soins et en chirurgie sont ignorés », a-t-il poursuivi.

La tension prévaut également dans les zones où les habitants ont rejoint les rangs de l'EIIL, a-t-il expliqué, parce que les informations ont été totalement coupées, et il semble que le groupe ait décidé de ne plus informer les parents de la mort de leurs fils.

Il est désormais très difficile aux habitants de tenter de fuir la ville, a précisé Matar, parce que le groupe a renforcé la surveillance des frontières extérieures de toute la région.

Le groupe a récemment traqué un groupe de trafiquants et en a arrêté deux, a-t-il indiqué, qui ont été par la suite exécutés dans le centre de la ville, à côté du musée, après avoir été accusés de faire passer des gens en dehors des frontières du « califat » de l'EIIL.

Des éléments de l'EIIL ont suspendu une pancarte autour du cou d'un troisième détenu, Abdel-Rahim al-Jaber, et l'ont fait circuler à l'arrière d'un camion, tandis que le reste des passeurs disparaissaient ; l'on pense qu'ils ont définitivement quitté la région, a-t-il ajouté.

Cela a conduit à la fermeture effective de la dernière sortie d'al-Raqa, a-t-il conclu.

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