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Terrorisme

L'EIIL utilise les civils de Manbij comme boucliers humains

Waleed Abu al-Khair au Caire

Une fille syrienne se tient debout près de récipients de cuisson alors que l'alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS) avance dans la ville de Manbij contrôlée par « l'Etat islamique en Irak et au Levant » le 23 juin, 2016. [Deilil Souleiman / AFP]

Une fille syrienne se tient debout près de récipients de cuisson alors que l'alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS) avance dans la ville de Manbij contrôlée par « l'Etat islamique en Irak et au Levant » le 23 juin, 2016. [Deilil Souleiman / AFP]

Des civils dans la ville syrienne de Manbij disent à Diyaruna qu'ils cherchent désespérément à fuir « l'Etat islamique en Irak et au Levant » (EIIL), qui les utilisait comme boucliers humains alors que les forces de libération avancent vers la ville.

L'opération pour expulser l'EIIL de la ville à l'est de la province d'Alep est en cours pour près de deux mois, et les combats violents font rage alors que les Forces démocratiques syriennes (FDS), le Conseil militaire de Manbij (CMM) et les Unités de protection du peuple kurde (YPG et YPJ) affrontent le groupe, appuyés par la coalition internationale.

Les résidents disent qu'ils sont sous une énorme pression à cause du siège imposé par l'EIIL contre eux, disant à Diyaruna que le groupe a piégé toutes les entrées de la ville et déployé des tireurs pour tirer sur tous ceux qui essaient de fuir vers les zones contrôlées par les FDS et ses alliés.

« l'EIIL a exercé les formes les plus odieuses d'abus et d'oppression contre les résidents de Manbij depuis le début de la campagne militaire lancée par les forces de la coalition internationale et les FDS pour libérer la ville et ses zones rurales », a déclaré le chef de peloton du CMM Ghassan Ibrahim à Diyaruna.

Depuis le début des combats, le groupe a bloqué toutes les sorties de la ville pour empêcher les résidents de quitter la ville et s'enfuir des dangers auxquels ils sont confrontés à l'intérieur, dit-il.

« Il a aussi déployé ses éléments dans toutes les zones résidentielles et a transformé les maisons et hôpitaux en quartiers généraux et caches pour ses éléments », ajoute-t-il.

Ibrahim a affirmé que les résidents étaient utilisés comme boucliers humains, d'où l'impossibilité de cibler ou frapper des positions de l'EIIL sans mettre en danger les vies des civils, ce qui a retardé la libération de la ville et a retardé les opérations militaires.

Cela a forcé les FDS à retarder leur avance pour éviter de porter atteinte aux civils, dit-il.

« Les FDS ont tenté à plusieurs reprises de conclure des accords par le biais de chefs de tribus dans la ville, à travers lesquels les éléments de l'EIIL seraient autorisés à se retirer en échange de passage sécurisé des civils à l'extérieur de la ville », a dit Ibrahim.

« Cependant, toutes ses tentatives ont échoué puisqu'elles étaient rejetées par le groupe, qui a préféré de se tenir aux civils pour prolonger la durée des batailles ».

L'EIIL cible les résidents fuyants

Pour empêcher les civils de s'enfuir, dit Ibrahim, l'EIIL a bouclé la ville et a bloqué toutes les entrées principales et les petites rues pour resserrer son contrôle des mouvements de la population, et tue tous ceux qui essayent de s'enfuir.

Le groupe a posé des centaines d'engins explosifs improvisés (EID) dans les champs à l'extérieur de la ville et tout le long des voies d'évacuation, ajoute-t-il, ce qui a blessé ou tué plusieurs résidents de la ville lorsqu'ils essayaient de s'enfuir.

« Les FDS font tout ce qu'elles peuvent pour garder un œil sur les civils qui s'enfuient pour assurer leur sécurité et les transporter à des zones sécurisées où les équipes médicales du Croissant-Rouge kurde sont prêtes à fournir les soins médicaux », dit-il.

Plusieurs points de rassemblement ont été créés, où le transport est fourni vers de plus grands points de rassemblement et camps, ajoute-t-il, tout en donnant la priorité aux malades, les vieux, les enfants ou ceux qui ont été blessés par les EEI ou les tirs de tireurs.

Des dizaines de civils blessés par balles, shrapnel ou mines ont réussi à arriver aux zones sécurisées à l'aide d'autres personnes qui se sont enfuies et des combattants des FDS et CMM, dit-il, ajoutant que certains sont restés sans abri puisqu'il était très dangereux de les atteindre.

« L'un des incidents les plus émotionnel concernait la mort d'une mère et la survie de sa fille », a dit Ibrahim, ajoutant que le bébé était sauvée par une femme qui était proche quand la mère a péri.

Ceux qui veulent fuir les zones contrôlées par l'EIIL à Manbij vers les zones contrôlées par les FDS doivent traverser une distance d'au moins 10 kilomètres, a affirmé Mustafa al-Hassan, résident de Manbij, à Diyaruna.

Les évasions se font souvent la nuit à cause du risque de tirs des tireurs de l'EIIL pendant le jour, dit-il, ajoutant que « le groupe a déployé des tireurs à travers la ville lorsque les opérations militaires ont commencé pour empêcher les résidents de s'enfuir ».

« J'ai attendu trois jours avec ma famille les moments opportuns pour prendre la fuite, et la quatrième nuit, les avions de la coalition internationale ont ciblé la position du groupe, j'ai alors saisi l'occasion pour quitter la zone », dit-il.

La famille s'est cachée à plusieurs reprises au cours du passage, dit-il, et a été prise par les FDS à mi-chemin presque avant de les a transporter le long de la distance restante à des zones sécurisées.

Les civils exploités

Othman al-Mustafa, agriculteur natif de Manbij, qui s'est enfui vers un village dans la zone rurale de Kobani, a dit à Diyaruna que les collaborateurs de l'EIIL exploitent la situation actuelle pour faire passer les civils hors de la zone contrôlée par l'EIIl.

Ils imposaient un tarif de 150 $ par personne, dit-il, ajoutant que le montant est excessif vu que les résidents de la ville sont pauvres, et la plupart dépendent de l'agriculture et le bétail comme principale source de revenu.

En raison de la cessation de tous les travaux, dit-il, ceux qui veulent s'échapper à l'aide de passeurs doivent vendre leurs meubles, voitures et tracteurs pour obtenir l'argent nécessaire.

La situation à l'intérieur de la ville est « misérable, puisque la nourriture et les fournitures médicales sont presque épuisées et les prix ont flambés à des niveaux trop élevés », dit-il, notant que le prix du pain a grimpé de 15 livres syriennes à 400 ($0.06 à $1.86).

Les soins médicaux sont limités aux éléments de l'EIIL la plupart de temps, dit-il, puisque plusieurs d'entre eux ont été blessés dans les derniers combats et ont été envoyés aux hôpitaux et cliniques de la ville, où ils sont accueillis avec les patients civils.

« Dans le but de terroriser les civils, l'EIIL a mené des campagnes d'arrestation de masse durant lesquelles ils ont attrapé des centaines de personnes dans la région », a dit al-Mustafa.

Les combattants de l'EIIL ont également mené des exécutions après que des résidents ont tenté d'organiser des marches et des manifestations demandant de les autoriser à quitter la ville et que le groupe « garde les civils loin des zones de danger », dit-il.

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