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Malgré la douleur, la vie reprend à al-Karrada

Par Alaa Hussain à Bagdad

Des employés municipaux nettoient les rues dans le quartier d'al-Karrada après un attentat qui a frappé un marché très fréquenté à la fin du ramadan. [Photo de la page Facebook d'Amanat Baghdad]

Des employés municipaux nettoient les rues dans le quartier d'al-Karrada après un attentat qui a frappé un marché très fréquenté à la fin du ramadan. [Photo de la page Facebook d'Amanat Baghdad]

Petit à petit, la vie reprend son cours dans le quartier d'al-Karrada de Bagdad, où un minibus truffé d'explosifs a dévasté un centre commercial très fréquenté le 3 juillet, tuant et blessant des centaines d'habitants juste avant l'Aïd el-Fitr.

Cet attentat, revendiqué par « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL), est le pire qu'ait connu l'Irak depuis plus de dix ans en nombre de victimes, avec près de trois cents tués.

Les boutiques ont maintenant rouvert leurs portes, le bruit et les rires s'entendent à nouveau dans les cafés, et un parfum de produits délicieux provenant des échoppes envahit de nouveau les rues.

« Il y a eu beaucoup de victimes, pour l'essentiel des jeunes, mais la vie doit continuer », a déclaré Ahmed al-Obaidi, propriétaire d'une boutique de vêtements pour hommes à al-Karrada.

« Cette rue ne disparaîtra pas à cause d'un attentat terroriste isolé », a-t-il déclaré à Diyaruna. « Au contraire, cette explosion a eu pour effet de susciter une plus grande solidarité et sympathie pour al-Karrada, faisant du site de l'explosion un lieu de pèlerinage pour les habitants de la capitale et de toutes les autres provinces. »

Après l'attentat, la rue est restée fermée pendant plusieurs jours sur décision des autorités pour des raisons de sécurité, mais les habitants et les commerçants d'al-Karrada ont manifesté pour demander sa réouverture.

« Nous sommes allés manifester près de la Place Kaharamana, à l'entrée d'al-Karrada, pour demander aux autorités de la zone d'accélérer la réouverture de la rue principale », a expliqué Ahmed Salman, propriétaire d'une librairie à al-Karrada.

« Nous sommes véritablement tristes pour nos amis et nos proches qui sont morts dans cette explosion, mais la peine n'est pas une solution et le terrorisme ne peut avoir pour réponse la capitulation », a-t-il affirmé à Diyaruna. « Nous devons au contraire lutter contre eux par la vie et la joie. »

Efforts de reconstruction

Les autorités locales ont rapidement mobilisé de nombreux moyens peu après l'attentat pour procéder au nettoyage, au retrait des débris et aux travaux de réparations sur place, pour tenter de revenir rapidement à la normalité.

« Une fois terminées les procédures de sécurité et d'enquête dans le quartier, Amanat Baghdad a lancé les travaux de retrait des débris et des ruines laissés par cet attentat terroriste », a indiqué Hakim Abdul Zahra, directeur des relations publiques d'Amanat Baghdad.

L'un des principaux défis dans ce quartier est la remise en état des conduites d'eau et d'évacuation et la reconstruction des trottoirs et des îlots de trafic, tous endommagés, a-t-il expliqué à Diyaruna.

Amanat Baghdad a également chargé plusieurs universités irakiennes d'évaluer l'étendue des dégâts causés aux bâtiments et la possibilité de les réhabiliter ou de les reconstruire, a-t-il ajouté.

Collaboration public-privé

La rue principale d'al-Karrada est rouverte aux véhicules, et la circulation s'y écoule à nouveau, a expliqué Mohammed al-Rubaie, vice-président de la commission de sécurité du conseil provincial de Bagdad.

Les forces de sécurité ont renforcé les mesures de contrôle aux entrées du quartier, en déployant des équipes de la police cynophile et en installant de nouvelles caméras de surveillance, en plus d'une inspection minutieuse de chaque véhicule entrant dans le quartier, a-t-il précisé.

La vie a repris dans al-Karrada grâce à la coopération entre les agences gouvernementales et les civils, a expliqué al-Rubaie.

« Alors que le gouvernement a mis en place des équipes pour reconstruire la zone et indemniser les personnes affectées, des centaines de volontaires effectuent des travaux de maintenance, de peinture et de restauration sur le site de l'attentat. »

Volontaires et autorités gouvernementales ont à ce jour donné plus de trois millions de dinars irakiens pour al-Karrada, qui ont été placés sur un fonds spécial qui sera utilisé par la suite pour la reconstruction, a-t-il précisé.

Enquêtes en cours

Mais malgré ces mesures positives, les citoyens irakiens restent très affectés par cet attentat.

« Le cœur des Irakiens en général, et des habitants d'al-Karrada en particulier, restera meurtri jusqu'à ce que les auteurs et les instigateurs de cet attentat soient arrêtés et condamnés », a déclaré al-Rubaie.

Le politologue irakien Ghalib al-Shahbandar a demandé au gouvernement irakien de lancer une enquête publique transparente et complète sur cette affaire.

« Le sang qui a été versé à al-Karrada mérite un effort plus important de la part du gouvernement », a déclaré al-Shahbandar, dont le fils, le journaliste Ammar al-Shahbandar, a été tué lors de cet attentat.

Le Conseil supérieur de la Justice a demandé au Tribunal pénal central irakien d'étudier l'attentat d'al-Karrada pour lancer une enquête exhaustive sur cet incident et en arrêter les auteurs aussi vite que possible, a indiqué le conseil dans un communiqué.

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