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Terrorisme

Les tactiques de financement de l'EIIL ressemblent à celles des gangs

Par Waleed Abu al-Khair au Caire

Le marché principal d'al-Raqa, contrôlé par « l'État islamique en Irak et au Levant », voit de nombreuses activités illégales du groupe visant à le financer. [Photo fournie par al-Raqa est massacrée en silence]

Le marché principal d'al-Raqa, contrôlé par « l'État islamique en Irak et au Levant », voit de nombreuses activités illégales du groupe visant à le financer. [Photo fournie par al-Raqa est massacrée en silence]

« L'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) commet de nombreuses activités illicites similaires à celles de gangs criminels internationaux pour assurer le financement de ses opérations, ont indiqué des experts à Diyaruna.

Le groupe participe à toutes formes de cambriolages, de trafic d'êtres humains, d'esclavage et de trafic d'armes. Il passe en contrebande des biens volés comme du pétrole et des antiquités, vend les récoltes de terres possédées par des particuliers saisies après que leur propriétaire ont fui, et impose diverses taxes aux habitants des régions qu'il contrôle.

« Toutes les activités commerciales et financières du groupe, et toutes les transactions qu'il entreprend sont indubitablement hors-la-loi », a déclaré Mohammed Fathi, professeur de droit international à l'université du Caire.

L'EIIL a « mis la main illégalement sur les ressources de l'État syrien, qui n'appartiennent pourtant en fin de compte qu'au seul peuple syrien », a-t-il expliqué à Diyaruna.

« Ainsi, l'extraction, le raffinage et la vente du pétrole, la saisie des terres agricoles et l'excavation et la vente d'antiquités sont des actes de vol », a-t-il poursuivi.

Des rapports suggèrent que des marchands d'antiquités redoublent d'activité après que le groupe a décidé d'accorder des permis de recherche et d'excavation en échange de 60 pour cent de la valeur des objets vendus.

Plusieurs conventions des Nations unies protègent les antiquités et empêchent leur trafic, notamment la Convention de 1972 relative à la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel, la Convention de 2001 relative à la protection du patrimoine mondial culturel sous-marin, et la Convention de 2003 relative à la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Ces textes servent à interdire « le trafic illégal d'antiquités et à limiter le pillage, le vol et le transport délibéré de biens [culturels] en-dehors des frontières du pays d'origine », a expliqué Fathi.

Le Conseil de sécurité des Nations unies peut sanctionner les éléments de l'EIIL et demander que les États les poursuivent, les arrêtent et les remettent à la justice, où ils peuvent être jugés par la Cour pénale internationale, a-t-il ajouté.

Frappes aériennes contre les revenus de l'EIIL

« Les médias et des rapports militaires et politiques ont récemment confirmé que l'EIIL avait perdu une grande partie de son financement par suite des frappes aériennes menées par la coalition internationale en Syrie », a indiqué le journaliste syrien Mohammed al-Abdullah, qui habite au Caire.

Au cours des derniers mois, a-t-il précisé à Diyaruna, les frappes de la coalition ont pris pour cible des camions-citernes transportant du pétrole que l'EIIL revendait sur le marché noir grâce à des contrebandiers.

Ces frappes ont également touché des puits de pétrole, des raffineries et des raffineries primitives appelées « brûleurs », a-t-il ajouté.

Confronté à des pertes grandissantes, le groupe a recouru à la location de puits et de raffineries de pétrole à des marchands dans des régions comme al-Raqa et Deir Ezzor, a indiqué al-Abdullah, par peur de perdre ses éléments lors de frappes aériennes.

L'EIIL se fait payer par avance pour le pétrole extrait ou raffiné, a-t-il expliqué, notant que « la répression financière sur le groupe l'a obligé à chercher et exploiter toutes les sources de financement qu'il peut trouver ».

Ces sources de financement ressemblent « plus à des activités de gangs », a-t-il affirmé, ajoutant que « le groupe a surpassé les plus importants gangs et mafias internationales avec ses activités de commerce ».

L'EIIL saisit des propriétés

Abdulkadir Yahya, un natif d'al-Raqa qui a demandé à utiliser un pseudonyme pour sa sécurité, a déclaré à Diyaruna que l'EIIL a commencé il y a plusieurs mois à confisquer les maisons, les boutiques et les terres des citoyens qui avaient fui la région.

« Sous prétexte que leurs propriétaires sont des apostats qui vivent dans les pays des infidèles, le groupe utilise ces propriétés et ces terrains comme bon lui semble », a-t-il expliqué.

L'EIIL convertit ces propriétés en logements pour ses membres, ou les loue au mois ou à l'année avec des documents assermentés par son « tribunal de la charia », a-t-il ajouté.

Le groupe a augmenté son rythme de confiscations de boutiques sur les grands marchés, a déclaré Yahya, les louant à des commerçants entre 15 000 (69,53 USD) et 50 000 (231,77 USD) livres syriennes par mois.

L'EIIL impose également des taxes mensuelles supplémentaires aux boutiques, allant de 1 500 (7 USD) à plus de 10 000 (46,35 USD) livres syriennes, selon la taille et l'activité de l'établissement, a-t-il indiqué.

Le groupe a créé une autre source de revenus en permettant « aux marchands de matériaux de construction de transporter du sable depuis les berges de l'Euphrate », a ajouté Yahya.

Ce sable est vendu en louant des étendues de terre sur les berges pendant un certain temps, ce qui permet aux marchands de récolter le sable, a-t-il indiqué, fournissant au groupe un revenu important, car il n'existe pas d'autre source de sable dans la région.

La plupart de ceux qui sont contraints de travailler avec l'EIIL « craignent des poursuites légales, car tout le monde sait qu'une telle situation ne durera pas toujours, et que le jour viendra où la loi jugera à nouveau les actions », a conclu Yahya.

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