L'armée irakienne a repris le contrôle intégral de Falloujah le 26 juin après avoir anéanti les dernières poches de résistance de « l'État islamique en Irak et au Levant » (EIIL) qui en contrôlait les derniers quartiers.

La reprise de cette ville de l'Anbar est un « coup fatal porté au groupe, qui ne s'attendait pas à perdre la ville et pensait y maintenir son influence aussi longtemps que possible », a déclaré le commandant des opérations à Falloujah, le lieutenant général Abdelwahab al-Saadi.

« Falloujah était une ville d'une importance symbolique et stratégique pour l'EIIL », a-t-il déclaré à Mawtani, car elle avait été la première à tomber aux mains du groupe, avant même l'invasion de Mossoul en juin 2014.

Durant toute l'occupation de la ville par l'EIIL, le groupe l'avait utilisée comme tremplin pour menacer la sécurité de Bagdad, a-t-il ajouté, envoyant des kamikazes, des voitures piégées et des engins explosifs improvisés (EEI).

Les éléments de l'EIIL présents à Falloujah y ont perpétré les massacres les plus odieux et des crimes contre les droits de l'Homme, a-t-il ajouté.

« Aujourd'hui, grâce aux efforts et aux sacrifices de nos troupes courageuses, la ville a été entièrement libérée de la puanteur du terrorisme, et les terroristes n'occupent plus ne serait-ce qu'un pouce de son territoire », a déclaré al-Saadi.

Une opération bien planifiée

L'opération de libération de Falloujah aura duré plus d'un mois, et a été menée en deux temps, a expliqué al-Saadi.

Durant la première phase, les forces irakiennes ont encerclé la ville de tous côtés et sécurisé ses faubourgs.

« Toutes les unités armées sans exception ont participé à cette phase », a-t-il poursuivi.

« Durant la seconde phase, nous avons lancé l'assaut sur la ville, et les opérations de libération, qui avaient été assignées à l'agence antiterroriste et aux forces de la police fédérale, sont passées d'un quartier à un autre », les débarrassant des combattants de l'EIIL, a-t-il précisé.

« Au fur et à mesure de la progression, nous avons avant tout veillé à secourir les civils qui étaient pris au piège et à garantir leur sécurité, et nous avons pu les évacuer et les faire tous sortir de la ville sans perte majeure », a-t-il ajouté.

Près de 1 800 combattants de l'EIIL ont été tués depuis le début des opérations de libération de Falloujah les 22 et 23 mai, a-t-il précisé, et plus de 80 véhicules piégés ont été détruits.

Les forces irakiennes ont également découvert des ateliers de fabrication de bombes et des postes de commandement et de contrôle qu'occupait l'EIIL, a ajouté al-Saadi.

Retrait des mines et des explosifs

Les forces irakiennes de l'opération de Falloujah nettoient désormais les milliers d'EEI que l'EIIL avait dissimulés dans les rues et les maisons de la ville, a poursuivi al-Saadi.

« Nous avons à ce jour accompli la moitié du travail », a-t-il dit. « D'ici quelques jours, si cela est possible, nous aurons terminé de retirer et de désamorcer tous ces EEI. »

« Le plan de libération de Falloujah a atteint ses objectifs, en reprenant tous les quartiers de la ville », a expliqué à Mawtani le maire de la ville, Issa al-Sayer.

Les quartiers d'al-Jolan, d'al-Nazzal, d'al-Muallemeen et d'al-Shurta ont été les derniers à être libérés, a-t-il précisé.

« Des unités du génie militaire sont en train de désamorcer les mines de l'EIIL, que l'on trouve en grands nombres dans les rues, dans les bâtiments publics et dans des maisons », a-t-il expliqué.

Le 27 juin, les forces de libération ont retiré des explosifs de 38 maisons et écoles, de deux mosquées et d'une centrale hydraulique, a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué. Elles ont également fait exploser 717 EEI dans différentes parties de la ville.

« Débarrasser la ville des explosifs et des traces de la guerre est le nouveau défi que doivent relever nos forces de sécurité, avant de commencer à reconstruire les infrastructures, à rétablir les services et à faire revenir les habitants déplacés », a ajouté al-Sayer.

Selon les responsables militaires et locaux, les installations et les services publics de Falloujah n'ont pas été sévèrement endommagés, ce qui devrait « accélérer les efforts de stabilisation et le retour à une vie normale dans la ville », a ajouté al-Sayer.

Pourchasser les combattants de l'EIIL en fuite

Après avoir libéré la ville, les avions irakiens et de la coalition ont visé des combattants de l'EIIL qui fuyaient Falloujah en direction d'al-Hasi, au sud-ouest de la ville, a indiqué Rajeh Barakat al-Aifan, membre de la commission de sécurité du conseil provincial de l'Anbar.

Selon des officiels irakiens, des centaines de véhicules et des dizaines de combattants de l'EIIL ont été éliminés mercredi 29 et jeudi 30 juin lors de frappes aériennes, a fait savoir l'AFP.

Les appareils de la coalition ont détruit au moins 175 véhicules de l'EIIL, frappant deux concentrations de véhicules au nord-ouest et au sud-ouest de la ville, a indiqué un porte-parole de la coalition.

« Nous savons que les forces de sécurité irakiennes en ont détruit davantage », a-t-il ajouté.

Le commandement des opérations conjointes en Irak a indiqué que l'aviation avait détruit 96 véhicules et tué « un nombre important » de combattants, tandis que les appareils de l'armée en ont détruit de leur côté 507 et tué « des dizaines » de combattants sur la même période.

Bien que le commandement n'ait pas fourni de chiffres précis quant au nombre de combattants de l'EIIL tués lors de ces frappes irakiennes, il a indiqué que les frappes de la coalition avaient fait 349 morts.

« Nos forces ont réussi à briser les éléments de l'EIIL », a déclaré al-Aifan.

Parmi les véhicules détruits par les forces irakiennes se trouvaient « quatre Hummer et un bulldozer piégé, en plus de voitures et de pick-up transportant des mitrailleuses », a-t-il indiqué à Mawtani.

La campagne contre l'EIIL « se poursuivra pour mettre un terme à la présence de ces hommes armés dans la région et dans les régions d'Albu Elwan et d'Albu Aifan », a-t-il poursuivi.

Ces régions sont considérées comme les derniers bastions de l'EIIL dans l'est de l'Anbar, a-t-il conclu.